
Disparition de Daniel Lindenberg
C'est avec une grande tristesse que la revue Esprit vous fait part du décès de Daniel Lindenberg, qui nous a quittés ce vendredi 12 janvier 2018.
Figure de la revue Esprit, il y écrit son premier article en 1989. Ses travaux de prédilection portaient sur l'histoire des idées politiques et les controverses intellectuelles. Son livre sur le Marxisme introuvable (Paris, Calmann-Lévi, 1975) a participé d'une relecture de la place du marxisme dans les idées politiques en France. Il a consacré de nombreuses études aux interférences et aux croisements entre visions religieuses et idées poitiques, notamment sur les messianismes séculiers (Destins marranes. L'identité juive en question, Paris, Hachette, 1998, rééd. coll. "Pluriel", 2004).
La controverse lancée par son ouvrage sur les "nouveaux réactionnaires" a montré un certain durcissement des positions et des clivages au sein de la pensée "antitotalitaire" (Le Rappel à l'ordre. Enquête sur les nouveaux réactionnaires, Paris, Seuil / La République des idées, 2002). Il a raconté son propre parcours intellectuel dans : Choses vues. Une éducation politique autour de 68, Paris, Bartillat, 2008.
Voici, en accès libre, une sélection de six textes marquants publiés par Daniel Lindenberg dans la revue Esprit.
Les positions politiques de Simone Weil donnent lieu à des malentendus et des polémiques tant qu’on ne prend pas soin de les replacer dans les débats et les divisions de son temps. Ses origines familiales, sa formation philosophique auprès d’Alain, ses rapports précoces avec le marxisme, la découverte de la condition ouvrière et de la guerre sont indissociables de l’effervescence intellectuelle et politique des années 1930, d’où elle tira une pensée qui échappa aux grands mythes de son époque.
La critique des institutions au moment de 68 ne peut être réduite à quelques slogans situationnistes. Elle découle d’un mouvement plus large, issu des années de guerre et de résistance où la violence de l’institution asilaire joue le rôle déclencheur. Mais la réflexion dépasse rapidement le cadre psychiatrique et médical, pour toucher l’école et plus généralement les dynamiques de groupe.
Le bonapartisme est-il de retour dans la droite française ? En partant de la lecture des travaux historiques récents, souvent publiés à l’étranger, qui, au-delà de l’épopée napoléonienne, s’interrogent sur les conceptions politiques de Napoléon, on comprend l’ambivalence de la référence au bonapartisme dans notre culture politique. Mais n’est pas Napoléon qui veut…
Le travail historique sur la fondation d'Israël en 1948 a longtemps été « mobilisé » par l'héroïsation des combattants sionistes. La parution en Israël d'études revenant sur l'histoire contemporaine de l'État hébreu nourrit un important débat public qui concerne plus largement le rapport critique à la Tradition et à la mémoire ritualisée.
A ceux qui croient toujours tout savoir ou qui ne connaissent que la succession des complots, l'historien réplique ici en triant le bon grain de l'ivraie. Qu'y a-t-il d'inédit dans les révélations récentes de François Mitterrand ? A lire la production récente - d'inspiration journalistique ou historiographique - on est conduit à s'interroger sur les alliances difficiles de la mémoire et de l'histoire.
Les intellectuels français se sont battus comme d'habitude à coup de pétitions. Reste à comprendre pourquoi on a vu réapparaître de vieilles tendances et des passions anciennes. Comme si rien de nouveau ne s'était vraiment passé.