Introduction
Si, pendant longtemps, le soin a pu être cantonné au seul domaine médical, il n’en va plus de même aujourd’hui1. Non seulement il existe plusieurs figures du soin – soin médical, soin parental, sollicitude à l’égard des personnes fragiles – mais ces différentes figures ne sauraient être considérées indépendamment les unes des autres dans les registres circonstanciés de leurs domaines d’application. Le soin mobilise en effet une forme de relation à l’autre qui se caractérise par son extrême dissymétrie. Le soignant et le soigné ne sont pas seulement séparés par la vulnérabilité de l’un et par la compétence de l’autre. De manière plus fondamentale, c’est la relation de soin, dans l’inégalité des positions qu’elle assume, qui engendre les postures du soignant et du soigné. En ce sens, l’instauration d’une chaîne de soin implique déjà la reconnaissance d’une dette envers la fragilité, qu’elle soit d’ordre vital ou d’ordre social et la nécessité de répondre à cette fragilité. La relation de soin fait entrer le soignant et le soigné dans l’espace commun de l’hospitalité comprise comme processus de transformation de la vie elle-même en ses différents seuils de vulnérabilité. Ainsi, c’est précisément parce que le soignant peut également être conduit, du fait des circonstances, à être aussi un soigné qu’il s’avère si fructueux de parler de