Accueillir les mœurs de l'islam en France ?
Sur une proposition de Pierre Manent
Dans Situation de la France, Pierre Manent propose une reconnaissance politique des moeurs musulmanes au sein de la « nation France ». N’est-ce pas une proposition risquée, qui fige l’islam dans ses moeurs et fait bon marché des musulmans qui s’émancipent de la loi religieuse ?
À l’automne 2015 est paru un essai remarqué de Pierre Manent, philosophe de haute volée de la démocratie et de la tradition démocratique libérale. Situation de la France1 – c’est son titre, qu’on peut trouver très banal ou, au contraire, presque hautain dans sa simplicité – a surpris en proposant de penser, au sens fort du mot, la place des musulmans et le devenir possible de l’islam en France. Ce qui est surprenant, ce n’est pas tant que l’auteur descende des sphères élevées du concept, mais qu’il s’occupe d’un sujet aussi controversé dans l’arène publique concrète, dans un contexte très difficile pour les Français musulmans, premiers concernés. En réalité, comme le titre du livre l’indique, l’islam lui sert aussi de prétexte pour ausculter l’état – préoccupant – de la nation France et à éprouver la justesse de ses intuitions et convictions de philosophe politique. « Disciple » de Raymond Aron, lecteur aigu de la grande philosophie politique ancienne et moderne, française, anglaise et américaine (d’Aristote à Leo Strauss, en passant par Machiavel, Rousseau, Constant, Tocqueville et quelques d’autres – dont tout récemment Montaigne), proche de la revue Commentaire, Manent n’était jamais allé jusqu’à présent aussi loin sur le terrain politique : avec la question de la place de l’islam en France, il met sans conteste les mains dans le cambouis.
« Accueillir comme telle la forme de vie musulmane »
La thèse du livre part d’un constat initial : contrairement aux espoirs fondés sur une vieille tradition d’intégration (mais sauf erreur, Manent n’emploie guère ce mot), les musulmans immigrés, puis installés, ne se sont pas fondus dans la République. L’un des signes les plus éclatants en est l’implication médiocre ou nulle des Français musulmans dans la « conversation » politique française en vue de réaliser le bien commun. Sur ce point, l’arbre ne doit pas cacher la forêt : l’intégration individuelle réussie d’un certain nombre ne saurait occulter le fait qu’en tant que « masse » dans la société française, leurs « mœurs » (un mot un peu désuet, à prendre dans son vieux sens du xviiie siècle, c’est-à-dire incluant coutumes et valeurs) ne changent pas.
En dépit d’une longue présence en France, la différence musulmane forgée dans l’umma ne se dissout pas dans l’individualisme démocratique, dans l’autonomie et l’égalité des droits modernes (on pense en premier lieu, bien sûr, à la condition de la femme musulmane).
Tandis que, « pour nous », la société est d’abord l’organisation et la garantie des droits individuels, elle est, « pour eux », l’ensemble des mœurs qui fournissent la règle concrète de la vie bonne.
Dans cette partition, la sécularisation des premiers – la religion disparue ou considérée par eux comme quantité négligeable pour la vie – et, à l’inverse, la puissance de la religion dans la vie des seconds (qui dément les prophéties sur son recul inévitable dans les conditions sociopolitiques modernes) créent une sorte de fossé indépassable. On peut aussi dire que ce sont deux régimes « faibles en politique » qui se font face : la vie sociale fondée sur le principe exclusif des droits individuels ici, le principe exclusif de la loi religieuse là s’éloignent tous deux du politique, « tournent le dos à la production du bien commun par la communauté des citoyens » (p. 27-28).
En France, l’État est laïc, mais la société, si sécularisée soit-elle, est marquée par la matrice chrétienne. Devant la poussée actuelle – inattendue – des religions, l’intégration rêvée des républicains les plus laïcs serait la disparition publique des religions, leur privatisation intégrale et l’intégration égale de tous dans une « société des droits » sans limites (comme on l’a vu récemment avec le « mariage pour tous » – et d’autres « avancées » sont prévisibles). La politique est devenue l’avancement vers de nouveaux droits. Or, devant l’échec patent de ce primat d’égalité-liberté-laïcité, réduit à une prédication et un enseignement abstraits et sans la moindre substance éthique, devant l’impossible adaptation des citoyens musulmans aux mœurs de la société individualiste, Manent propose de prendre le taureau par les cornes.
Prenant à contre-pied ceux qui parient sur les vertus de la République laïque pour faire entrer les musulmans dans le cadre français autant que ceux qui prédisent son échec (aussi à cause de la nature de la religion musulmane), il considère que la République doit faire en quelque sorte un pas, le premier pas : reconnaître aux musulmans le droit de garder leurs mœurs, « accueillir comme telle la forme de vie commune musulmane », à l’exception de la polygamie et du voile intégral (p. 31). Les musulmans doivent être acceptés « comme ils sont », il faut renoncer « à l’idée vaine et passablement condescendante de “moderniser” autoritairement leurs mœurs » (p. 71). On leur demandera seulement de rompre les liens avec les pays d’origine (et du même coup avec l’umma – la communauté – de l’« empire » musulman), et aussi d’accepter sans discussion ni regrets la « liberté complète de pensée et d’expression » qui règne chez nous (p. 76) :
Ceux qui vivent en Europe doivent accepter que la loi politique ne mette aucune limite à ce qui peut être pensé, dit, écrit, dessiné […].
Quant à la République, elle ne renonce pas à son projet, qui est d’accomplir avec les musulmans, comme naguère avec les juifs, victimes d’abord de l’antisémitisme moderne, « la visée […] d’une amitié civique » (p. 58).
La nation, principe et possibilité de la « conversation politique » avec les musulmans
À partir de là, l’islam français (ou, si on préfère, les musulmans de France) serait, sans avoir besoin de se « réformer », en position de jouer pleinement son rôle dans la communauté politique française, à côté de la « masse spirituelle » catholique, religion historique de la France. De la France ? Oui, de la France en tant que nation et patrie, non diluée dans une Europe des « droits de l’homme », sans projet politique autre que la réalisation à l’infini de ces derniers, en ce sens profondément « impolitique » ou cantonnée dans l’indétermination démocratique vide de tout projet.
La nation France avec des frontières – la France non pas post-moderne, ni post-nationale, ni post-politique, mais la France ayant (retrouvé) le gouvernement de soi – saurait et admettrait que les « masses spirituelles », et donc aussi et en premier lieu l’Église catholique (bien que l’histoire de France avec elle n’ait pas été un long fleuve tranquille), sont nécessaires à son bien commun. L’idée est que « nous sommes politiquement sans force » et qu’il faut « rassembler », « orienter nos puissances », « donner à notre vie commune forme et force » (p. 12-13). La « force » peut revenir si nous considérons « le point de départ, le principe de l’histoire européenne : se gouverner soi-même dans un certain rapport à la proposition chrétienne » (p. 96). De ce principe sont nées les nations européennes, et si elles sont sorties de la matrice impériale, c’est parce qu’il leur « fallait se gouverner par le conseil de sa raison et dans l’attention à la grâce » de la Providence divine, pour réaliser un destin particulier à chacune.
Il ne s’agit pas de revenir à une « France catholique », mais de redonner force au « national » en politique, en s’écartant d’une construction européenne qui montre tous les jours son impuissance, qui n’a même pas de réelle représentation – alors que la force de la nation réside précisément dans sa capacité de bonne représentation de tous et d’appui à la participation de tous. L’apport substantiel des forces spirituelles doit être compris comme une « responsabilité », proportionnée à leur importance.
À ce titre, sont appelés à faire la France, avec l’Église catholique, le judaïsme, l’islam, le protestantisme évangélique et la doctrine des droits de l’homme, mais l’Église catholique aurait forcément une « responsabilité particulière pour le bien commun » en raison même de sa centralité dans le « dispositif occidental » et de « son calme et son équilibre ». Ce serait un « manque de sincérité » que de taire ou d’être incapable de dire « la relation intime qui lie la France à l’Église catholique ».
Une proposition risquée
La vraie liberté, dit Pierre Manent, oblige « ceux qui sont un peu exigeants à s’efforcer de persuader par des arguments rationnels des concitoyens sur lesquels ils n’ont aucun pouvoir », et ce faisant, ils ne succomberont pas à la « lassitude de la liberté », qui « porte à la paresse, aux formes exagérées de l’insulte et dégradées de l’obscénité » (p. 81). Cette lassitude n’est certes pas la sienne : ses thèses, exposées trop rapidement ici, fourmillent d’attendus multiples et d’amples justifications, d’une indéniable cohérence. Néanmoins, la pertinence de l’ensemble et du détail des arguments qu’il avance pour une reconnaissance politique de l’islam « tel qu’il est » pose question, nonobstant la séduction qu’exerce une telle proposition sur quiconque est soucieux de la présence paisible des musulmans sur le sol français. Puisque l’auteur croit à la conversation avec des arguments, essayons de formuler nos réserves.
La première concerne bien sûr la « faisabilité » d’une telle option. Pierre Manent est un fervent de la volonté politique. Il peut donc penser qu’on va y arriver moyennant les vertus politiques louées par les philosophes, Aristote en tête, qu’il connaît bien. Or son lecteur se demande par instants s’il n’a pas écrit une fable : comment combler la distance entre sa philosophie politique de la nation enrichie par les religions et la réalité de la France politique (laïque) et culturelle (celle des droits individuels) ? Si le « pourquoi » est bien expliqué, le « comment » reste en total suspens.
La difficulté la plus spécifique concerne les rapports entre religion et politique, voire entre foi et raison. Aux chapitres xii et xiii, l’auteur explicite ses présupposés philosophiques quant à la Cité juste qui pourrait accueillir l’islam. Or – influence de Leo Strauss ? – il semble proposer une alternative à l’Europe « désarmée dans son cœur » (en tant que construction politique et non pas en tant que réalité d’histoire et de culture), à la mondialisation avec ses multiples facettes dissolvantes, à la démocratie des droits de l’homme. Il critique, d’un côté, l’idée (moderne par excellence) de séparation entre le religieux et le politique au profit de celle (biblique) d’« Alliance » qui maintient officiellement l’union (et la tension) entre le spirituel et le temporel. Il parle, d’autre part, de la « vocation » de l’Europe à créer des nations, qui échappent à l’indétermination des empires. Manent développe avec talent le sens et les avantages de la « nation », par rapport à quelque chose comme un « empire » européen, voire une citoyenneté mondiale sans frontières. Il faut dire que le contexte politique et même le balancier des idées, plutôt « anti-empire », vont aujourd’hui dans son sens. De même pour les puissances du religieux et/ou du spirituel dans des États et des sociétés devenus sans « âme » : il rejoint ce faisant des courants actuels divers, par exemple celui de catholiques français qui voudraient revenir en deçà de la laïcité ou des théologiens anglais réunis autour d’une Radical Orthodoxy.
Ce n’est pas le lieu ici de discuter une philosophie que Pierre Manent a élaborée au long cours dans ses livres, avec profondeur et brio. Mais, même si la laïcité ainsi que ses formes et ses évolutions récentes font l’objet aujourd’hui de nombreuses réserves, même si les religions bénéficient – par-delà des événements de violence désastreux et à l’encontre de traditions anticléricales et antireligieuses – d’un regard plus positif, on voit mal comment on pourrait revenir à quelque chose qui ressemblerait à une « nation » dont l’aiguillon spirituel et moral serait le catholicisme (et derrière lui, l’Alliance biblique entre Dieu et les cités humaines). Point n’est besoin, pour penser ainsi, d’être évolutionniste ou progressiste et de se projeter exclusivement vers l’avenir rempli de droits mais vide de direction et de devoirs.
Pour revenir à la question de départ – le destin de l’islam en France –, il faut quand même constater que le prix à payer pour les musulmans accueillis « tels qu’ils sont », avec leurs mœurs, serait plus élevé qu’il n’est dit au départ, sans que tous les aléas de leur présence soient levés. On voit bien le raisonnement de Pierre Manent : ils entreraient mieux dans une nation France avec un langage clair, avec une définition nette des droits et des devoirs, avec la « sanctuarisation » de « certains traits de la physionomie de la France » – plutôt que dans une France comprise dans le mol édredon européen, avec ses droits de l’homme illimités et son fonctionnement technocratique d’empire ingouvernable.
Soit, cela se conçoit, c’est même séduisant, mais reste quand même un pari : vu l’état des lieux de l’islam mondialisé et ses considérables malaises identitaires, qui impliquent, selon Pierre Manent lui-même, une puissante « politique défensive », sa proposition ne figerait-elle pas la différence musulmane en l’institutionnalisant et en présupposant implicitement que l’islam est dépourvu de toute historicité ? Qui peut dire que les musulmans, avec leur identité islamique reconnue, s’intégreraient mieux ou seraient mieux reçus dans une « nation France » avec des contours nets et une culture religieuse de référence, celle de l’Église catholique ? Et les musulmans modernisés et sécularisés, qui sont peut-être plus nombreux et surtout devenus plus puissants que la visibilité (du voile ou autre) le laisse accroire, comment pourraient-ils accepter ce qui serait obligatoirement pour eux une régression dont ils paieraient les frais ?
Les « masses » et les « forces » sont-elles vraiment des « masses » et des « forces » ?
La place donnée à l’Église catholique n’est pas évidente, même si elle est la matrice historique de la France, le vecteur de l’âme française. Les conflits passés entre les deux France sont-ils tout à fait effacés ? Les combats de certains laïcs sont certes devenus désuets. Et par ailleurs le catholicisme ne serait plus seul. Dans les masses spirituelles dont la dynamique et les rapports mutuels comptent dans la configuration théologico-politique de l’Occident, Pierre Manent cite aussi à côté du catholicisme et de l’islam, on l’a noté, le judaïsme (auquel il consacre une réflexion spécifique, non reprise ici), le protestantisme évangélique et l’idéologie des droits de l’homme. Pourquoi pas ? Mais cette liste n’en est pas moins curieuse.
On note par exemple l’absence du protestantisme réformé et luthérien « officiel » – sans doute trop « libéral » aux yeux du libéral politique qu’est Pierre Manent ou déjà spirituellement « mort » et responsable finalement de la déconfiture spirituelle de l’Europe… Quoi qu’on en pense, il ne compte pas politiquement pour rien, ni en France – même s’il traverse une passe de recul – ni surtout dans les pays du nord de l’Europe, de l’Allemagne à la Scandinavie. Pour prendre un exemple récent de ses capacités de résistance, on se souvient que c’est Angela Merkel, ex-allemande de l’Est et membre de cette Église luthérienne oubliée, qui a récemment sauvé l’honneur de l’Europe devant l’afflux de réfugiés, dans un pays composé pour moitié de ces luthériens libéraux qui ne comptent pas. La Suède non plus n’a pas manqué à ses devoirs.
À l’inverse, si l’on faisait aujourd’hui le bilan politique du protestantisme évangélique depuis son expansion il y a une quarantaine d’années, il serait décevant aux États-Unis mêmes (je ne crois pas que ce soit lui qui donne le meilleur ton de la religion américaine), en Amérique latine et en Afrique. Il possède une incontestable vitalité dans le monde, certes, mais ses liens avec une certaine hypermodernité technologique et économique, soulignés par tous les sociologues de la religion, laissent perplexe sur sa force réelle. Accordons-lui cependant qu’il semble le seul christianisme capable de convertir des musulmans là où la liberté religieuse existe… Quant à l’« idéologie des droits de l’homme », faut-il comprendre que les religions, et surtout, dans la phase la plus récente, l’Église catholique (p. 157-158), sont ses seuls adversaires réels ? Cette image des religions, déjà trop répandue, est plutôt préoccupante…
Sans corporatisme excessif, je dirais volontiers que Pierre Manent veut ignorer ce que n’importe quel sociologue de la religion constate et qui constitue toute la difficulté de l’évaluation d’un rôle religieux du politique aujourd’hui. D’un côté, une pluralisation et une parcellarisation prodigieuses sont en cours ; elles touchent aussi les deux groupes les plus « compacts » que sont en principe l’islam et le catholicisme. Le diagnostic de Michel de Certeau, dès 1973, sur le « christianisme éclaté » est en ce sens plus vrai que jamais. La libre et plurielle interprétation de la loi religieuse2 est aussi due en grande partie aux droits de l’homme interprétés comme des libertés individuelles. Quoi qu’il en soit, parler de « masses spirituelles » est devenu risqué, même pour le catholicisme avec le pape, plus populaire que jamais mais dont l’« effectivité » est aussi fortement médiatisée par la société du spectacle3.
D’autre part, on constate bien, sociologiquement parlant, une « désécularisation », mais celle-ci ne va que pour une faible part vers la volonté de restauration de l’unité substantielle ancienne : engendrée par des rejets de la postmodernité (celle de la consommation sans âme, de l’individualisme jouisseur, de la technologie irresponsable et du désir de profit sans limites qui détruisent l’environnement…), elle crée plutôt une dissémination des croyances, qui vont du plus identitaire et communautaire au plus individualisant. Les personnalités religieuses charismatiques, les mouvements porteurs de « réveils » et les « re-nés » (born again) individuels dans le monde constituent certes une force globale de résistance positive, dont beaucoup de responsables politiques européens n’ont pas pris la mesure (ils les ignorent, par inculture ou volontairement). Ces mouvements peuvent influencer le politique, même fortement (comme les évangéliques aux États-Unis), mais nulle part ils ne constituent une force constituée d’opposition – qui les rendrait peut-être dangereux pour les libertés démocratiques. Leurs effervescences représentent plutôt, à mon sens, une contestation et une revitalisation possible du politique, mais – Benoît XVI lui-même l’avait fortement marqué au début de son pontificat en 2016 – la déliaison entre foi et raison chez nombre de fondamentalistes pose problème, en l’occurrence le problème de la violence religieuse4.
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La proposition de Pierre Manent suscite à bon droit l’intérêt, en prenant à revers autant les positions d’une laïcité épuisée ou d’une République laïque sans idées que celles de Français, catholiques ou non, excédés par la différence des mœurs musulmanes. Mais pour être féconde, elle devrait se mesurer à une analyse plus précise des évolutions internes et externes du religieux, autrement dit accepter la discussion avec les sciences sociales et humaines qui s’en occupent. Non pas parce qu’elles disent la « vérité » du religieux, encore moins parce qu’à partir des faits qu’elles décrivent elles pourraient dicter une norme et en déduire un droit ou une politique. En revanche, comment élaborer ce droit ou cette politique en ignorant la réalité sociale effective, celles du terrain infiniment mouvant (et intéressant !) des croyances individuelles et collectives, et ici, spécifiquement, de l’attitude des musulmans français face aux réalités françaises concrètes (l’école, la laïcité, les discriminations pour l’emploi, le logement, etc.5) ? Je crains que Pierre Manent, disciple d’un critique aussi fervent des sciences sociales que Leo Strauss, soit, sinon allergique, du moins peu enclin à une pensée acceptant de passer par ces médiations6.
- 1.
Pierre Manent, Situation de la France, Paris, Desclée de Brouwer, 2015.
- 2.
Sensible dans toutes les religions et toutes les confessions : le judaïsme, par exemple, n’est pas seulement divisé en tendances (libérale, « conservative », orthodoxe, utltra-orthodoxe), mais la discipline du « cacher », par exemple, est librement interprétée même dans l’orthodoxie.
- 3.
Pierre Manent lui-même raconte et justifie un petit désaccord avec le « Saint-Père » à propos de sa réaction aux crimes de janvier 2015… (p. 79).
- 4.
Voir aussi sur ce point, bien sûr, les analyses d’Olivier Roy dans la Sainte Ignorance, Paris, Le Seuil, 2008.
- 5.
Voir, sur ce point, l’excellente mise au point récente de Lahouari Addi, dans le blog qu’il publie sur le site Mediapart.
- 6.
Comme le faisait, il y a cinquante ans, au moment du « triomphe des sciences humaines », un Paul Ricœur par exemple.