
Que peuvent faire les collectivités ?
Pour la maire de Nantes, la crise sanitaire a révélé la puissance logistique dont disposaient des collectivités territoriales, d’un point de vue stratégique, opérationnel, mais aussi démocratique. Elle plaide ainsi pour plus de décentralisation, tout en maintenant que l’État doit assumer ses prérogatives régaliennes, comme la sécurité, l’éducation ou le droit d’asile.
Johanna Rolland est maire (Parti socialiste) de Nantes depuis 2014. Elle est également présidente de Nantes Métropole, et a été élue à la tête de France urbaine – l’association des maires des grandes villes et communautés urbaines – en septembre 2020. Elle réfléchit ici aux relations entre l’État et les collectivités territoriales, en particulier dans le contexte de la crise sanitaire actuelle, et aux spécificités de l’action publique territoriale.
Vous avez été réélue maire de Nantes en juin 2020 dans un contexte électoral marqué par la pandémie, et vous avez pris en septembre 2020 la présidence de France urbaine, qui regroupe les grandes villes et les métropoles françaises. Comment qualifieriez-vous les relations entre l’État et les collectivités locales durant cette période et jusqu’à aujourd’hui ?
La crise a agi comme un révélateur des tendances qui étaient en germe sur les relations entre l’État et les collectivités locales. Il est devenu progressivement très clair que la puissance logistique était plutôt du côté des collectivités, notamment les métropoles et les régions, comme l’a montré l’enjeu de la distribution de masques. La répartition des prérogatives ne peut donc plus être réduite à une simple division hiérarchique entre l’État qui pense et les collectivités qui exécutent.
De fait, on a constaté des oscillations dans la position de l’État. De manière générale, il y a eu de nombreux décala