
Le fascisme du dedans
Avec notre esthétique du corps parfait et notre refus de la mort, nous désirons toujours le fascisme. Et le migrant climatique s’annonce comme la nouvelle race maudite dans le capitalisme écocidaire. Saurons-nous redevenir mortels ?
Notre époque jette une lumière crue sur l’inclusion du fascisme dans le capitalisme, comme l’expression de sa logique mortifère. Seuls ceux qui, à chaque élection, appellent à « faire barrage » entendent faire croire que le fascisme nous arrive du dehors ; l’adoration du chef, la haine du Parlement et la fascination pour la violence seraient autant d’archaïsmes résistant encore et toujours à la modernité. Il n’est heureusement plus grand monde pour les croire, car il est maintenant flagrant que faire barrage signifie en réalité préparer le terrain.
Comme dans un mauvais rêve
Le temps passé avait pu faire croire que le fascisme avait été vaincu, mais voilà que le système est de nouveau en surrégime et qu’il lui faut trouver des ventilations. À langue abattue, on parle de déclin moral, d’empoisonnement culturel et surtout d’étrangers menaçants. On lâche la bride à toutes les polices et le techno-flicage se fait chaque jour plus raffiné. Les plus avisés donnent de la voix pour rappeler « les heures sombres de notre histoire ». Mais il y a fort à parier que cette évocation de la bête immonde, prête à surgir une fois encore, nous détourne de ce qui est en train de se passer et nous désarme. Car ce n’est probablement pas des menées d’un parti nationaliste et autoritaire que résultera le fascisme prochain, tant le capitalisme a œuvré, depuis longtemps déjà, à périmer ce type d’instrument du retour à l’ordre. L’étude du fascisme historique ne doit pas servir à iden