
Néolibéralisme versus libéralisme ?
On considère souvent le néolibéralisme comme une suite du libéralisme ou une de ses variantes. Or, si l’on considère leurs origines intellectuelles, leur représentation de l’individu, la place qu’ils réservent à l’État et leur conception de la rationalité, il faut reconnaître qu’il s’agit plutôt de deux courants de pensée différents, voire opposés ou antagonistes.
« Ce que je voudrais vous montrer, c’est que le néolibéralisme est tout de même quelque chose d’autre. »
Michel Foucault, Naissance de la biopolitique.
« Le “laisser-faire”, c’est fini. »
Nicolas Sarkozy, discours de Toulon, 24 septembre 2008.
Vingt-cinq années de politiques néolibérales ont peut-être masqué le fait que, dans le même temps, le libéralisme est devenu un lieu de conflictualité. Dans le débat politique, il intervient le plus souvent comme l’un des termes d’une alternative : libéralisme contre communautarisme, libéraux contre républicains. Quel que soit leur intérêt, ces controverses ont sans doute contribué à donner une image faussement homogène du libéralisme. La distinction entre libéralisme politique et libéralisme économique (le plus souvent au bénéfice du premier) atteste mieux d’une certaine complexité interne à cette doctrine, mais elle est généralement assez vague et imprécise. Or, des conflits sourdent de l’intérieur du libéralisme lui-même.
Il faut dire que le terme « libéral » se trouve le plus souvent investi dans des stratégies. De ce fait, il s’apparente à un signifiant flottant dont il paraît impossible de fixer le sens. Le seul point commun à la plupart des usages de la notion est leur caractère polémique et négatif : être liberal aux États-Unis, c’est s’approcher d