
Black America de Caroline Rolland-Diamond
La réédition en poche de ce livre, paru initialement en 2016, est l’occasion d’attirer à nouveau l’attention sur la somme magistrale consacrée aux « Africains-Américains », suivant l’expression retenue par l’auteure, enseignante à Nanterre. Cet ouvrage, dense et copieux, qui démarre avec l’abolition de l’esclavage à l’issue de la guerre de Sécession et s’achève sur la présidence d’Obama, expose en détail les étapes de l’émancipation progressive des Noirs américains. Une émancipation le plus souvent douloureuse tant les Blancs du sud des États-Unis se sont montrés récalcitrants à reconnaître les droits les plus élémentaires de leurs compatriotes de couleur. Lynchages, tribunaux protégeant les assassins blancs et condamnant systématiquement les Noirs aux peines maximales, travaux forcés pour les condamnés, discriminations et intimidations en tout genre étaient monnaie courante.
Le vote censitaire ou soumis à la réussite d’un examen de capacité dans les États sudistes fit obstacle à l’exercice des droits civiques élémentaires des Noirs, sans compter des menaces qui n’étaient pas simplement en l’air. Ainsi, l’arrêt Smith v. Allwright (1944) interdit l’organisation d’élections primaires réservées de facto aux Blancs ; deux ans plus tard, dans le comté de Taylor (Georgie), le seul Noir qui parvint à déposer son bulletin lors des primaires du Parti démocrate, en bravant une bande armée, fut abattu le lendemai