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Notes de lecture

Dire la France. Culture(s) et identités nationales. 1981-1995

mars 2017

#Divers

Le titre de ce livre est quelque peu restrictif par rapport aux sujets qu’il aborde. D’abord parce qu’une longue première partie revient sur la période qui précède celle qu’il traite. Entre 1968 et 1981 en effet, commence à se mettre en place la « construction du récit culturel national » – entendez : le récit de l’impérialisme et de l’anti-américanisme culturels –, où l’on découvre a contrario que la gauche socialiste, en tout cas celle de François Mitterrand et de Jack Lang, n’oubliait pas la célébration de la nation et de la patrie. Le début du septennat n’omet pas cette dimension « nationale » et le marque à travers trois politiques emblématiques : celles du livre, du cinéma et des Grands Travaux (pyramide du Louvre, Opéra Bastille, Arche de la Défense…). Les motivations et la réalisation de cette politique sont plus nuancées qu’on ne pourrait le penser (c’est l’intérêt du livre de le montrer), et Jack Lang n’est pas l’inspirateur ni l’inventeur de tout, même si son rôle est central. Dans la période 1981-1986, deux orientations ressortent nettement : ce que Martigny appelle un « anti-américanisme culturel d’État » et l’affirmation du « droit à la différence (culturelle) ». La droite identitaire sera plus tard vent debout contre ce droit, mais son premier opposant sera un républicanisme de gauche « intégrationniste ». L’ouvrage a, entre autres, le mérite de dégager clairement, belle documentation à l’appui, les lignes de force et les enjeux « nationaux » d’une politique culturelle dont les effets sont toujours présents – même si, depuis 2007, l’obsession identitaire à droite (à cause du Front national) donne le la dans les débats autour de la culture.

J.-L. S.

Presses de Sciences Po, 2016
376 p. 27 €