
Le Prince face à la foule
Présenté comme le candidat de la rupture, Emmanuel Macron s’inscrit dans la continuité des institutions de la Ve République. La personnalisation du pouvoir s’oppose pourtant à l’exigence démocratique.
Votre essai, Le Retour du Prince[1], s’intéresse aux mutations de l’incarnation en politique. Vous y interprétez notre fascination pour les chefs comme un retour en arrière, malgré le caractère -apparemment moderne de leur communication politique. Comment cette grille de lecture s’applique-t-elle à la campagne d’Emmanuel Macron de 2017 ? Qu’est-ce qui a vraiment changé avec cette élection ?
Lorsqu’on est attentif au temps long de la politique, force est de constater que les « nouveaux mondes » sont rares. Certes, il y a eu dans l’histoire des changements historiques profonds et des ruptures de l’ordre politique, comme la Révolution française, qui opère un transfert de légitimité du roi vers le peuple. À un niveau de transformation moindre, des changements de régime politique ont pu intervenir, le dernier en date étant la Ve République en 1958.
L’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron correspond à une situation différente. Elle est le produit de l’effondrement d’un certain nombre de pratiques politiques à l’intérieur d’un régime qui, lui, n’a pas été bouleversé sur le plan institutionnel. Loin de revendiquer une rupture sur ce point, le président semble avoir l’ambition de revenir à une conception originelle des institutions de la Ve République.
Le changement dans le