
Retour au musée
Malgré la réouverture tant attendue des musées, les conséquences de la pandémie sont encore visibles dans les lieux de culture : de nombreuses expositions ont vu leur organisation bouleversée. Ces complications rappellent la valeur d'événement qui caractérise une exposition : celle-ci tient de la rencontre, unique, entre le visiteur et un ensemble d'œuvres.
Parmi les grandes joies du retour au musée, il y a celles qu’on avait hâte de revivre et celles que l’on n’attendait pas. Découvertes, redécouvertes et déconvenues pimentent les retrouvailles. Le rendez-vous regorge de péripéties.

Au Musée de Grenoble, un chef d’œuvre et un accrochage concentrent à eux seuls cette expérience unique. Le grand Intérieur aux aubergines (1911) aimante la salle Matisse, royal de tout ce qu’il contient, irradié et irradiant les toiles qui l’entourent. Marguerite lisant (1906), sagement accoudée sur sa table, est si concentrée que les couleurs des murs et des pages de son livre ont infusé sa collerette blanche. La toute Petite mulâtresse (1912), bien assise en tailleur, a gardé cet air zouave, collée toute rouge sur fond bleu. Dans les Tapis rouges (1906), une avalanche menace de tout faire valser. Le tissu vert, roulé en boule à droite, forme le profil d’un animal, peut-être un chien avec sa grosse patte. On imagine rouler la belle pastèque ronde et tout emporter avec elle. Chacun de ces tableaux a son monde bien à lui. D’un mur à l’autre, une chorégraphie s’engage aussi qui les embrasse tous. Immensément grand, l’Intérieur au