La victime plutôt que le droit
Au-delà de la focalisation sur Rachida Dati, la très médiatique garde des Sceaux, la politique judiciaire se caractérise par deux traits. D’une part, le renforcement d’une politique pénale qui répond à la demande des victimes et s’inscrit dans un processus déjà ancien. D’autre part, un libéralisme paradoxal en cela qu’il se retourne contre le droit et exprime une méfiance vis-à-vis du contre-pouvoir des juges.
Peines planchers, jugement des malades mentaux, promesse de la dépénalisation du droit des affaires : la politique du nouveau président en matière de droit et de justice a été une des plus marquante de son début de quinquennat. Sarkozy est pragmatique sur de nombreux sujets mais guère en ce qui concerne la justice. Notre président se rapproche en cela d’un Tony Blair qui a centré une partie de son programme sur la sécurité ; mais il s’en éloigne aussitôt tant sa politique est difficile à caractériser d’une seule formule : s’agit-il d’un retour du jacobinisme ? Il manque le rapport à l’État. S’agit-il d’un sursaut gaullien ? Une claire vision de l’avenir fait défaut. Un sectarisme de droite ? L’ouverture à gauche le dément. Cette présidence emprunte à beaucoup de traditions sans se rallier à aucune précisément, c’est là son originalité et son énigme. Elle revendique en effet un libéralism