
La violence mondialisée
La violence des terroristes est à la fois produite par la mondialisation et destructrice du monde. Avec elle, les frontières ne dessinent plus des territoires, mais séparent des personnes. Tout comme l’économie globale, le terrorisme déterritorialisé nous oblige à repenser le lien politique.
Les attentats du 13 novembre 2015 nous ont confrontés à une nouvelle forme de violence. Contrairement à la violence classique, celle-ci ne peut s’interpréter uniquement comme un moyen poursuivant un objectif politique. Y entrent d’autres aspects qui l’apparentent à un type de violence qualifiée par certains de moderniste1 ou d’extrême2 où la destruction semble être une fin en soi. Cette dimension n’est certes pas nouvelle pour ceux qui voient dans la violence un phénomène originaire comme René Girard3 ou Wolfgang Sofsky4, ou qui réfléchissent sur la cruauté comme Marcel Hénaff5. Mais ces lectures de la violence destructrice manquent ce qui fait peut-être la nouveauté de ce qui nous arrive, à savoir son rapport à la mondialisation. Celle-ci brouille toutes les catégories antérieures en donnant à la violence une dimension hybride – à la fois locale et globale, archaïque et postmoderne, délinquante et sacrée, individualiste et politique, psychologique et eschatologique.
Une violence hybride
Ces attentats ont certes été revendiqués par Daech mais le contexte géopolitique moyen-oriental n’explique pas tout : entre aussi dans cette violence une composante perso