
Projet de danger perpétuel
L’état d’urgence sanitaire consacre la vie biologique comme principe premier du politique. Ce faisant, il soutient l’avènement d’un pouvoir sécuritaire, susceptible d’étendre toujours davantage son contrôle sur la vie de chacun. Et si la réforme du politique passait précisément par une appropriation de cet effroi partagé par les citoyens ?
« Sans précédent », telle aurait été la situation de crise ayant présidé à l’instauration de l’« état d’urgence sanitaire » pour lutter contre l’épidémie de Covid-19, déclaré une première fois le 23 mars 2020, redéclaré le 17 octobre 2020 et prolongé jusqu’au 16 février 2021. Elle pourrait donc servir à l’avenir de précédent, et exigerait donc d’être pensée à nouveau frais, hors des catégories morales héritées. Mais ni cet « état d’urgence », ni l’épidémie, à en suivre leurs éternels bulletins, ne sont sans précédent. Ce qui l’est davantage est le traitement par une politique d’urgence d’une crise épidémique.
L’état d’urgence sanitaire a pris rang dans une longue série d’« état d’urgence » – mode de gestion des crises devenues ordinaires – dont la fréquence s’accélère manifestement en ce début de xxie siècle. Bien que reposant sur une base légale différente – en tant que « sanitair