
Obsession de la pureté et infériorité des femmes
L’obsession de l’Église catholique pour la pureté articule la sacralité du clerc et le contrôle de la sexualité. Associée à la permanence du patriarcat, elle explique le blocage de l’institution sur l’ordination des prêtres mariés et des femmes.
Jean-Louis Schlegel – Vous avez parlé de l’« obsession ancestrale et patriarcale de la pureté des femmes1 ». Mais, en un autre sens, la pureté a aussi beaucoup préoccupé l’Église. Beaucoup de ceux qui y ont été socialisés ont gardé de mauvais souvenirs du catéchisme de la « pureté ». Dans les années 1950 encore, quand on apprenait ou se préparait à se confesser, il y avait un seul péché vraiment important : l’impureté, pour laquelle s’effaçait la distinction entre péchés véniels et péchés mortels. Tout était grave, et le coupable « en pensées, en paroles et en actes » devait vivre sous la menace de finir dans l’enfer éternel. Bien entendu, tout cela était plus d’une fois aggravé par le cadre familial, où ce catholicisme puritain était intériorisé. Cela explique en partie la violence de la génération conciliaire contre ce passé antérieur au concile : elle avait l’impression d’avoir été trompée, « menée en bateau » et qu’on lui avait raconté des sornettes en jouant sur sa peur durant l’enfance. Accessoirement, le rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase) a confirmé, à partir de l’écoute des victimes, ce constat d’un discours absurde sur la sexualité, où tous les « écarts » par rapport au sixième commandement (l’interdiction de l’adultère, qui a fini par englober