
Violence et santé mentale en Irak
Un regard exploratoire sur la situation post-2003
L’exposition prolongée aux atrocités des conflits successifs a rendu la population irakienne vulnérable à des pathologies psychosociales, notamment chez les femmes et les enfants qui ont subi le joug de l’État islamique. La reconstruction ne pourra pas se faire sans un renouveau du secteur de la santé mentale.
Selon le corpus de littérature scientifique représentant la somme de nos connaissances en matière de psychologie, il existerait une forte corrélation entre l’exposition à la violence et l’apparition des symptômes de troubles mentaux et de troubles du comportement1. Or, depuis 1980, l’Irak a été soumis en continu à une série de graves secousses, avec d’abord deux guerres successives, suivies des sanctions économiques décrétées par la communauté internationale dans les années 1990, puis, à partir de 2003, un cycle de violence civile et de terreur. Après l’occupation de la ville de Mossoul par l’État islamique le 9 juin 2014 et ses multiples répercussions, l’ensemble du système psychosocial a été profondément perturbé, quoique évidemment à des degrés divers, relatifs à certaines variables démographiques ou géographiques, ainsi qu’à la résistance des individus affectés et à leurs stratégies de survie.
Les répercussions de la violence sur le psychisme des individus peuvent parfois s’étaler sur plusieurs générations, même si des statistiques locales exhaustives et fiables manquent pour mesurer avec précision l’impact direct ou différé de la guerre, des opérations militaires ou des violences contre les civils. La violence n’en demeure pas moins l’un des syndromes les plus répandus et les plus enracinés en Irak. D’une grande diversité, elle recouvre des réalités différentes car elle fait un avec ces autres