
Fanatiques, encore un effort pour être radicaux !
En matière de religion, les fanatiques témoignent d’un rapport de surface avec la tradition dont ils se réclament, bien plus que d’une volonté de remonter à sa racine. Et si une voie de résolution du problème terroriste résidait précisément dans une authentique radicalisation ?
Si j’ai choisi de pasticher le célèbre titre de Sade, c’est parce qu’il s’agit d’un appel à la radicalité. « Français, encore un effort pour être républicains » signifie : si vous voulez vraiment construire une société égalitaire, il vous faut prendre le problème à la racine des choses et, par conséquent, extirper de la société la religion qui légitime le système de la domination1. La religion (pour Sade, la religion chrétienne) est caractérisée par l’hétéronomie, une hétéronomie dont le prêtre est le garant et le prince l’exécutant : si l’on veut réellement inventer une société des individus autonomes délivrée des princes et des prêtres, il ne suffit pas de limiter les pouvoirs de ces derniers par une constitution, il faut encore déraciner de l’esprit humain l’idée même de Dieu – en tout cas l’idée de Dieu telle que la véhicule la religion institutionnelle (parce qu’il y a bien un Dieu qui fonctionne chez Sade, comme Lacan l’a très bien montré à propos de l’« Être-suprême-en-méchanceté2 »).
Quand j’écris : « Fanatiques, encore un effort pour être radicaux », c’est pour inviter à considérer la radicalité non pas comme le problème de notre temps, mais comme faisant partie de la solution. Il s’agit pour moi d’interroger un certain usage quasi réflexe de termes tels que « r