
Le sens de la visite
Le confinement a déconfiné le musée dans l’espace numérique, libérant de nouveaux modes de relation aux œuvres d’art. Pour retrouver le sens de la visite, il faut mettre à jour la médiation in situ, insister sur le parti pris d’un accrochage et remettre les collections permanentes au centre.
Il y a peu, les musées du monde entier ont dû fermer leurs portes. Doublement confinées dans leur salle, les œuvres d’art se sont-elles languies de nos regards ou réjouies au contraire de partager entre elles leur silence ? Pour ce qui concerne leurs visiteurs, il semble qu’elles leur aient manqué. Sitôt rendues inaccessibles physiquement, voilà qu’elles ont fait le mur du MoMA new-yorkais, du Louvre parisien, du Rijksmuseum amstellodamois et de nombreux musées de moindre notoriété, pour venir crever nos écrans numériques. Reparues en force, quoique tenues à une distance inédite, les œuvres d’art sont venues ébranler quelques-unes de nos évidences : la présence physique aux œuvres est la condition nécessaire à toute véritable « expérience esthétique » ; la suprématie de l’œuvre « originale » est inattaquable et l’expérience de visu n’est pas remplaçable, encore moins substituable, par son accès numérique.
Une sorte de doxa s’est imposée avec la création des musées à la toute fin du xviiie siècle : voir des œuvres d’art héritées de la monarchie est un droit démocratique. Toute politique culturelle se doit donc naturellement de faciliter leur accès à tous. Dans l’espace numérique, pendant le confinement, la relation aux œuvres d’art a vibré intensément, de mille manières et sur tous les tons… sans elles, ou plutôt loin d’elles. Cette contrainte temporaire a condensé et catalysé un foisonnement de pratiques, d’expérimentations et d’usages. La remise en question structurelle du sens de la visite au musée, engagée depuis une vingtaine d’années, s’est accélérée.
Ne pas toucher
L’échappée belle des œuvres d’art dans l’espace numérique n’est certes pas tout à fait nouvelle, mais cette étape marquera probablement un tournant. Le confinement a « déconfiné » l’espace du musée dans l’espace numérique, libérant de nouveaux modes de relation à l’art et aux œuvres. La tension entre visiteurs et musées atteignait en effet un seuil critique. « Ne pas toucher les œuvres » menaçait d’avertir de « ne pas venir voir ». L’expérience des œuvres in situ devenait éprouvante pour tous, elles-mêmes n’étant pas les dernières concernées. Leurs lieux d’exposition s’inquiétaient de devoir attirer toujours plus de monde sous la pression économique. Leur public affluait, imperturbable, sous la poussée du tourisme de masse. Les deux fondements du musée devenant inconciliables : fallait-il privilégier la qualité de présence aux œuvres ou leur accès au plus grand nombre ? Difficile de douter que nous retournerons au musée et aux expositions, mais nos attentes seront probablement modifiées désormais par nos différentes expériences à distance. Le confinement a reformulé le dilemme.
Quelques exemples montrent l’effervescence de nouveaux types de rapport aux œuvres d’art, par écrans interposés. Parmi les plus médiatiques, plusieurs défis ont invité les internautes à une reconstitution d’œuvres à domicile. Confinement oblige, le @TussenKunstenQuarantaine, lancé sur le réseau Instagram par trois jeunes Hollandaises, donnait une consigne toute simple : n’utiliser que trois objets sous la main – succès spectaculaire de suiveurs et de contributeurs. Et contre toute attente, les icônes les plus connues n’ont pas été seules à revivre sous cette forme improvisée ; les coups de cœur de chacun en ont fait découvrir bien d’autres. Très remarquée également, l’hybridation entre un jeu vidéo à succès (Animal Crossing) invitant, entre autres, à créer son propre accrochage, avec des collections muséales ou des créations d’artistes. Un fan du jeu, Léo Tessier, par ailleurs médiateur au Muséum des sciences naturelles d’Angers, a eu l’idée de donner rendez-vous en live pour en fournir quelques explications sur un format de 45 minutes : exercice ambitieux, visioconférences plébiscitées par les joueurs. Beaucoup moins commenté mais tout aussi interactif et ouvert à tous : un fonds de photographies anciennes du Musée d’art et d’histoire de Saint-Brieuc s’est transformé en cartes postales personnalisées avec une légende décalée ou une colorisation originale sur Facebook (« Caramboles et confinement »), selon un procédé enfantin. Le logiciel cadrait habilement leur mise en forme : résultats réjouissants de fantaisie, de drôlerie, d’ironie sarcastique, de poésie. Un podcast sonore, « Le sens de la visite », de Jérémie Thomas, a choisi de donner le micro à des visiteurs anonymes sur leur expérience de l’art au musée : intimité de l’écoute, liberté des références « sachantes », simplicité du ton.
Des usages moins participatifs de médiations ont encore fleuri. Les fictions et parcours imaginaires, initialement dédiés aux jeunes publics, comme Paris Musées Juniors, ont fait découvrir aux plus grands une créativité débridée pour faire parler les œuvres, graphiques, animées ou encore contées. Les internautes ont aussi pu écouter/voir les points de vue de philosophes, d’acteurs, d’écrivains sur les œuvres du Musée d’Orsay qui les avaient marqués ou suivre chaque semaine de confinement un artiste invité à partager son interprétation originale d’une œuvre, selon l’humeur du jour : décalage encore, par rapport aux contenus pédagogiques classiques. La vie quotidienne et matérielle des œuvres est sortie des coulisses des musées, en hors-champ des projecteurs d’une exposition (réserves, encadrement, accrochage, nettoyage). Les acteurs professionnels ont montré leur visage, leur métier, leur savoir-faire : conservateurs, conférenciers, régisseurs, transporteurs, restaurateurs, techniciens : un autre regard vivant sur les objets artistiques, avant ou après leur exposition publique.
Bien sûr, toutes ces offres en accès libre disposaient de moyens techniques et humains, très hétérogènes selon les structures. Elles n’ont pas non plus reçu la même audience, tant s’en faut. Les données affichées sont éloquentes à y regarder de près, en particulier en les comparant sur une même plateforme (nombre de visiteurs, d’abonnés et de participants actifs). Une synthèse chiffrée reste à faire pour être analysée plus précisément.
Appel d’art
Que retenir de cette ébullition ? Une mise à jour décapante des attentes et pratiques « réelles » des curieux d’art, des pistes plurielles de médiations des œuvres et des visiteurs, et une rencontre inédite entre musées et visiteurs. Cette sélection d’exemples de médiations (très partielle et aussi partiale) oscille entre deux pôles, celui du savoir et celui de la distraction, qu’on croyait incompatibles. La plupart des pratiques observées pendant le confinement n’étaient pas nouvelles en soi. Mais devenues beaucoup plus visibles, elles se sont décloisonnées et hybridées. L’émulation a fonctionné à plein régime. Le besoin et l’attente de médiations avec les œuvres se sont manifestés avec force de la part des internautes. Un dialogue inédit s’est engagé entre visiteurs anonymes et acteurs professionnels de l’art. Pour « garder le lien » avec ses publics, le musée a été obligé d’exister hors de ses murs, aussi.
Jusqu’alors, la plupart d’entre eux se méfiaient d’une concurrence potentielle. De fait, ils sont, depuis leur création, le lieu privilégié des œuvres d’art, un espace qui n’est pas celui du numérique. Leur offre, très dispersée sur leurs sites institutionnels, peinait à se rendre visible. L’outil numérique était strictement mis au service de ses fonctions historiques : accessibilité des œuvres d’art au plus grand nombre et transmission de savoir, au nom de l’émancipation par l’éducation. L’extension numérique du musée restait assignée à développer sa notoriété et son attractivité, dans un environnement très compétitif. Médiation et pédagogie de connaissances maintenaient l’autorité première d’un récit linéaire sur l’art, celui de l’histoire de l’art.
En version numérique, l’appel d’art a fait l’effet d’un véritable appel d’air, soufflant jusqu’à ceux qui ne vont pas ou peu au musée.
Or le confinement a révélé une familiarité des publics les plus divers, pour entretenir des liens eux aussi pluriels avec les œuvres d’art. Les catégories de publics et curieux de l’art se sont brouillées, superposées, hybridées. La caisse de résonance a mis en lumière des publics jusqu’ici peu visibles ou audibles. En version numérique, l’appel d’art a fait l’effet d’un véritable appel d’air, soufflant jusqu’à ceux qui ne vont pas ou peu au musée. Les jeunes adultes par exemple (20-35 ans) se sont manifestés en nombre. Dans l’émergence de tant de regards singuliers, exposés à la vue de tous, ce partage collectif qui accompagne toute relation individuelle aux œuvres a fait vibrer nos vies confinées.
La médiation
À l’heure du déconfinement, il est donc temps de repenser l’expérience physique des œuvres que seul le musée permet. Comment redonner sens à la visite au musée pour sortir de l’ornière d’une fréquentation de plus en plus saturée, de la mise à mal des œuvres et de nos échanges avec elles ?
Dans nos usages respectifs, la vie confinée nous a fait éprouver avec une intensité inédite l’expérience spécifique au numérique, ce qu’elle permet mais aussi ce qu’elle ne permet pas : cette fameuse proximité physique et le contact de la présence, irremplaçables. En matière d’art, le défi désormais est de remettre l’outil numérique au service des œuvres et de chercher une médiation plus adéquate face aux attentes des curieux. Il est aussi d’intégrer le numérique comme un espace à part entière, avec des usages spécifiques, et non seulement comme un instrument supplémentaire de médiation.
Une première piste de réflexion concerne la médiation in situ, et sa nécessaire mise à jour. La sacralisation du musée et la fétichisation des œuvres d’art continuent d’intimider. Les publics les plus friands d’abonnements et d’expositions plébiscitent l’audioguide ou le conférencier ; ils se reconnaissent eux-mêmes comme démunis, seuls face aux œuvres. La culture générale n’est plus aujourd’hui celle d’hier, ses références ont muté et pas seulement pour les jeunes générations. Déjà, les codes symboliques, religieux ou mythologiques ne sont plus des acquis communs. Deux exemples personnels parmi tant d’autres indicateurs : des étudiants en troisième année d’une école de commerce bien classée demandent : « Qui est la Vierge ? » « C’est quand, la mythologie ? » Un dirigeant de PME fait remarquer devant des fresques religieuses à Florence : « Ces histoires de saints martyrs sont quand même très sombres et répétitives. » Un cartel de musée qui détaillera, même en langage simple, l’iconographie figurée sur un retable ou une nature morte est-il encore un vecteur propice à faire entrer le visiteur d’aujourd’hui dans le tableau ? Chaque chef-d’œuvre, chaque grand créateur a sa singularité, dont le propre est aussi et surtout de n’appartenir à aucune époque. Plutôt qu’une information contextuelle, un décodage formel ou visuel, une analogie actualisée, un questionnement orientant le regard ne pourraient-ils mieux leur restituer ce relief ?
Les médiations muséales, centrées sur la vulgarisation du savoir et la contextualisation, finissent presque par devenir contre-productives. Elles entretiennent une facilité inadéquate pour entrer en relation avec les œuvres, à la fois parce qu’elles cultivent une pédagogie obsolète et parce qu’elles confortent une appropriation consumériste, immédiate. Dans un monde envahi d’images, les œuvres d’art visuel se distinguent précisément par leur construction complexe, problématique, non réductible à un propos illustratif. L’émerveillement repose sur leur effet étonnant, intrigant, inattendu. Elles ne se livrent pas au premier regard, mais appellent son entraînement à questionner. Quoi de plus important aujourd’hui que de discerner ce que nous croyons voir, de s’exercer aussi à dépasser nos attentes et nos préjugés ? L’ambition et l’audace des grands chefs-d’œuvre forgent notre rapport au monde en le déplaçant, en le déstabilisant. Ils sont un lieu exigeant mais unique pour déployer notre pleine et entière intelligence humaine, réflexive, intellectuelle mais aussi sensitive, sensorielle, sensible. Les expérimentations faites à l’occasion du confinement devraient permettre d’accélérer ce renouvellement de la médiation, déjà engagé par les musées1.
La rencontre numérique
Une deuxième piste de travail est ouverte, passionnante à creuser : distinguer mieux et plus explicitement la rencontre numérique avec une œuvre et la visite au musée. Ce sont deux expériences spatio-temporelles tout aussi réelles l’une que l’autre, la première n’étant pas plus virtuelle que la seconde. D’ailleurs, flânerie furtive et regards passifs sont aussi banals sur écran que face aux œuvres. D’un côté, la circulation numérique a en propre une fluidité et des bifurcations constantes. Elle ouvre des horizons à grande vitesse, dans le défilement des pages, au risque de disperser l’attention plutôt que de la retenir. L’œil, tenu aux aguets, parvient à se poser, ou pas. Nous avons pris le pli d’aller vite pour chercher une information et aussi de nous laisser errer de bifurcation en bifurcation. Notre capacité à ne surtout pas suivre le « sens de la visite » nous a rompus à des circulations non plus linéaires mais plurielles.
De l’autre côté, le musée est un espace statique où les œuvres sont accrochées de manière durable. Le parcours est contraint par des couloirs ou escaliers entre les salles. Tel un GPS, il impose un certain dirigisme. L’espace du musée génère ainsi un tout autre rapport au temps, dilaté, suspendu, hétérogène à nos rythmes quotidiens. La déambulation physique enclenche aussi une réceptivité charnelle, corporelle, aux œuvres exposées et non plus seulement visuelle, perceptive. Aucune image ou reproduction, si détaillée et pixellisée soit-elle, ne peut rendre compte, par exemple, des volumes et dimensions d’une œuvre, des effets de lumière sur une sculpture autour de laquelle on tourne, des anomalies d’une salle, de l’effet d’un accrochage, avec ses associations et ses contrastes. Les œuvres d’art sont d’abord des objets matériels, dont la corporéité résonne avec la nôtre, en leur présence. Le charme de leur exposition au musée n’est pas tant de leur restituer une « pureté » unique, mais plutôt de les inscrire dans un parti pris d’accrochage parmi d’autres possibles, un choix de juxtapositions disparates, une atmosphère architecturale singulière.
Chacune de ces deux expériences avec les œuvres a ses plaisirs et ses limites. Les musées tireraient sans doute grand profit à refonder leur attractivité sur une visite qui ne soit pas supérieure ou incontournable, mais qui défende plutôt sa spécificité qualitative. Dans l’espace numérique, leur offre de médiation pourrait en ressortir bien mieux valorisée qu’elle ne l’est. Cette offre en soi est véritablement au service des œuvres. Bien plus qu’un outil d’attractivité ou de médiation (avant, pendant, après la visite), l’extension numérique du musée ne vaudrait-elle pas d’être monnayable après tout, et rendue payante ?
Grand Tour
Par ailleurs, et c’est une troisième piste de renouvellement pour le musée, cette défense de la visite in situ serait un excellent moyen de remettre les collections permanentes au cœur de leur identité et de leur valeur ajoutée. Elles sont sous-valorisées puisque les visiteurs les boudent au profit des événements temporaires. Mais ces visiteurs savent-ils seulement que ces collections permanentes regorgent de chefs-d’œuvre ? Sait-on qu’il est possible d’aller passer une heure au Louvre en toute tranquillité, en faisant juste un pas de côté par rapport au parcours express des « chefs-d’œuvre », même en plein événement Léonard ? Les musées, qui ont la responsabilité de conserver et protéger ces œuvres, sont seuls à pouvoir les défendre, les faire découvrir. Eux seuls savent les trésors qu’ils contiennent ; ils en ont fait la démonstration pendant le confinement en montrant leur travail quotidien, dans les salles ou les réserves. Une communication autre qu’événementielle leur redonnerait une attractivité propre et accepterait de ne pas cibler un maximum de visiteurs mais plutôt des visiteurs informés de ce qu’ils y trouveront d’unique.
Redonner sens à la visite au musée, c’est la situer comme un moment parmi d’autres dans la relation que chacun entretient avec les œuvres, un moment ponctuel ou pas, plus ou moins éphémère, celui de la découverte désirée en amont, d’une rencontre impromptue, d’une redécouverte ou de retrouvailles a posteriori. Comme toute relation, la relation aux œuvres nous anime et nous habite bien au-delà du temps passé in situ. Chacun a fait cette expérience du choc vécu lors d’un voyage sans pour autant avoir besoin de la refaire. Les artistes se sont longtemps exercés et inspirés d’œuvres à partir de dessins, de gravures, de photographies qui les reproduisaient. Beaucoup n’avaient vu ces œuvres qu’une fois ; parfois même, ils ne les avaient jamais vues sur place. Le fameux Grand Tour au xviiie siècle ne se faisait qu’une fois dans la vie d’un « esthète ». Bien avant leur « reproductibilité technique2 », les œuvres n’ont été appréhendées par les artistes et les amateurs que de manière indirecte, la visite physique restant l’exception. La présence aux œuvres peut bien être irremplaçable, et elle l’est, incontestablement ; elle n’est pas pour autant incompatible ni concurrente avec sa pratique à distance, via le numérique ou tout autre support.
À la veille du confinement, l’état des lieux était celui d’une forme d’impasse pour les musées. Il nous condamnait, à terme, à la nécessité de reconstituer les œuvres et de les tenir en réserve pour garantir leur conservation pérenne. C’est déjà le cas pour les grottes Chauvet et de Lascaux. Autant on peut souhaiter que cette distanciation « définitive » s’applique à leurs consœurs préhistoriques encore ouvertes au public, autant on peut espérer voir longtemps encore les originaux des chefs-d’œuvre sculptés, peints, modelés, etc. Repenser notre présence à eux de manière plus sélective ou exceptionnelle n’est pas un sujet d’élitisme social, c’est une nécessité. Le défi n’est pas de remettre en question le droit de tous de venir au musée. Bien au contraire, il s’agit de confirmer à tous que la relation à l’art ne s’y limite pas et qu’on a toute légitimité à vivre une intimité avec des œuvres sans passer par la « case musée ». La visite est un moment unique, précieux, mais non obligatoire pour nous relier à l’art.
L’expérience improbable de ce confinement a été une occasion de toucher les limites du musée tel que nous le connaissons, de sentir ses fragilités, en même temps que de voir émerger ses renaissances possibles, hors des schémas habituels. Le musée n’a pas à craindre de perdre ses prérogatives. Il a tout à gagner plutôt à revenir sur son sens, comme l’un des espaces publics et démocratiques les plus précieux : un lieu où se nouent nos relations multiples avec l’art. Trois drames récents et antérieurs au moment du confinement ont suscité une émotion internationale et spontanée : la destruction guerrière de Palmyre, l’incendie accidentel de Notre-Dame en avril 2019 et le naufrage touristique de Venise. Ils nous ont fait éprouver combien nous sommes tous acteurs et parties prenantes de la vie des œuvres d’art. Où qu’elles soient, d’où qu’elles viennent, nous leur sommes liés. Ni le temps ni l’espace n’émoussent ce lien énigmatique qui touche à notre intimité individuelle comme à l’humanité tout entière. En amont de son enclave musée, l’art est affaire de relation humaine, de médiation entre nous. C’est pourquoi, ni fétiches ni fossiles, les œuvres sont vivantes et nous rendent vivants.