
L’école de la confiance et du conflit
La crise du baccalauréat, par son éviction de la médiation syndicale, témoigne d’une défiance à l’égard des institutions. Le ministre de l’Éducation nationale lui oppose une école de la confiance. Mais il faut rappeler que la confiance contient la possibilité du conflit.
Par une forme d’ironie historique et de coïncidence politique grinçante, le bref et soudain conflit qui a éclaté lors des corrections des copies du baccalauréat 2019 est parvenu, en raison de sa gravité et de son retentissement médiatique, à occulter l’adoption définitive de la loi de confiance en l’école par le Parlement le 4 juillet dernier.
« Le temps de la loi » – expression du ministre de l’Éducation nationale[1] – aura donc subi les assauts de l’actualité jusqu’à son terme. Que l’événement le plus bruyant fasse écran et devienne le plus significatif au détriment des choix engageant l’avenir de plus de douze millions d’élèves constituerait cependant un grand paradoxe démocratique, que l’on ne doit pas écarter à l’âge d’une « démocratie extrême » selon Dominique Schnapper[2].
Toutefois, l’étrange acuité de cette crise scolaire très focalisée, qui suscite des interrogations à ce jour non résolues, peut être lue comme le signe d’un drame d’autant plus vif qu’il s’est joué dans le registre de la confiance trahie aux yeux de tous ses protagonistes. Une hypothèse que la judiciarisation, qui pourrait ponctuer ce conflit, tend à confirmer. À ce titre, les événements du mois de juillet méritent une attention particulière, dans la mesure où ils permettent de soulever la question plus globale du sens