
L’institution scolaire et l’horizon démocratique
Ce texte a été écrit avant la catastrophe politique, sociale et symbolique que constitue l’assassinat de Samuel Paty, le 16 octobre 2020 à Conflans-Sainte-Honorine. C’est en partie de cette urgence éducative dont il est question dans les lignes qui suivent, dans un climat social saturé de tensions, dont peu de personnes pouvaient imaginer qu’il pourrait produire un tel drame.
Sur la question du racisme, il est d’usage en France, depuis plus de trente ans, de solliciter l’école pour préparer les générations futures. L’éducation est immédiatement perçue comme un remède à la haine de l’autre et à la discrimination. Elle serait le garant de notre avenir fraternel, de notre capacité à vivre dans une société pacifiée dans laquelle la couleur de peau et les origines ne seraient pas le discriminant des relations humaines, politiques et sociales. Pour une fois, à la suite de la mort de George Floyd aux États-Unis et à ses répercussions en France, le débat public ne s’est pas porté immédiatement sur le rôle de l’école. Sans doute parce que tout le monde convient, dans le même temps, que sur ces sujets sociaux si sensibles, l’école ne peut pas tout. Celle-ci est insérée dans une organisation sociale et économique, mais aussi nationale, aux nombreuses résonances mémorielles qui jouent dans la réalisation et la mise en œuvre des missions que la nation lui donne. L’enseignement n’existe pas placé in abstracto, hors de la société qui lui dicte ses actes, ni hors des murs qui l’enserrent et moins encore loin du quartier qui abrite l’éc