Contre l'apocalypse, l'espérance de la prophétie
Dans le livre d’Isaïe, on trouve un passage éclairant à propos du prophétisme dans l’Israël du viiie siècle av. J.-C. Pour se prémunir contre la menace de l’empire d’Assyrie (à l’Est, en Mésopotamie), le roi de Juda, Ézéchias, tente de faire alliance avec l’empire d’Égypte (au Sud). Le prophète dénonce vivement cette tentative, qui ne peut être qu’insincère de chaque côté et surtout démontre qu’on ne fait aucune confiance, du côté de Juda, au Dieu de l’Alliance. Isaïe n’est pas dupe du souhait de ses auditeurs : « Ils disent aux voyants : “N’ayez pas de visions”, et à ceux qui voient : “Ne voyez pas des choses exactes, dites-nous des choses qui nous plaisent, voyez des illusions.” » (Isaïe 30,10).
Vieille histoire : on ne met pas en question le prophète comme tel ni son droit de parler, mais on lui demande de dire des choses agréables, des propos lénifiants, de prêcher la paix alors que le peuple est brisé, ce qu’on aimerait entendre. Le prophète Jérémie ne dit pas autre chose : on lui demande à lui aussi d’approuver un renoncement, un manque de courage, des compromissions avec un ennemi historique, au prix, probablement, de quelques infidéli