Position – Leçons de Calais
En novembre, Bernard Cazeneuve était à Calais pour trouver des solutions à l’augmentation du flux des migrants, à la dégradation de leurs conditions de vie et à la lassitude des habitants. Le nombre des migrants est désormais estimé aux alentours de mille cinq cents à deux mille, contre quelques centaines il y a deux ans. Le ministre de l’Intérieur a annoncé l’ouverture d’un centre d’accueil, solution qu’il avait catégoriquement écartée quelques semaines auparavant. Mille cinq cents à deux mille, ce sont à peu près les chiffres qui étaient avancés fin 2001 lorsque le centre de Sangatte, cet ancien hangar d’Eurotunnel reconverti en lieu d’hébergement sous le gouvernement de Lionel Jospin, fonctionnait encore. Comme le futur centre de Calais, il permettait aux migrants de disposer d’un toit, de facilités sanitaires et de repas, alors qu’aujourd’hui ils errent dans les rues, dorment dans des squats et dépendent de la mobilisation associative pour se nourrir et se laver. La boucle est bouclée, douze ans pratiquement jour pour jour après l’annonce de la fermeture de Sangatte en novembre 2002 par un autre ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy. Du centre de Sangatte, il ne reste rien. Tout a été démantelé en quelques semaines dans la solitude de l’hiver. Nicolas Sarkozy avait justifié cette disparition physique en évoquant l’inhumanité du sort des migrants et la nécessité d’éviter un lieu