Demande d'énergie et de matières premières : les limites approchent
La croissance mondiale accroît la demande d’énergie et de matières premières. Mais derrière l’augmentation des coûts se profilent aussi la pénurie possible et la dégradation irrémédiable de l’environnement. La politique de l’énergie à venir doit donc privilégier la recherche car sans énergie propre notre développement est insoutenable.
Le mouvement de hausse du prix du pétrole qui se poursuit depuis début 2002 provoque dans les sphères économiques et politiques une inquiétude qui gagne l’opinion publique. Moins médiatisée mais tout aussi soutenue, une augmentation importante affecte le prix des matières premières. On découvre que le développement accéléré dans lequel sont entrés les hyper-dragons que sont la Chine, l’Inde, le Brésil et d’autres encore entraîne un gonflement considérable de la demande mondiale d’énergie et de matières premières qui vient buter sur les capacités de production mondiales disponibles. Il pourrait s’ensuivre un cycle d’investissements de grande ampleur dynamisant l’économie mondiale, si cette impulsion ne soulevait plusieurs interrogations importantes. L’augmentation de la production mondiale ne va-t-elle pas hâter l’épuisement des ressources planétaires disponibles ? Et, avant même cet épuisement, ne va-t-elle pas provoquer une accumulation d’émissions et de déchets dégradant l’environnement dans des conditions dangereuses pour les générations actuelles et – plus encore – pour les générations futures ? De ce double point de vue, il apparaît alors que la question centrale est celle de la production d’énergies propres. D’où l’importance stratégique de la recherche dans ce domaine. D’autres conditions, notamment sociopolitiques, sont bien entendu indispensables pour assurer un développement durable et conjurer l’élargissement des inégalités, mais c’est sur les conditions quasi physiques de ce développement que se concentrent les lignes qui suivent.
La flambée des prix de l’énergie et des matières premières
Le prix du baril de pétrole1 a atteint 67 $, le 12 août 2005, sur le marché de New York. C’est le résultat d’une longue période de hausse commencée en janvier 2002 où il cotait 19 $. Il venait alors de se contracter depuis décembre 2001, où il était passé par un pic de 37, 4 $, au terme d’une autre période de flambée commencée en décembre 1998, date à laquelle il ne valait que 9, 5 $. Au total, le prix nominal du pétrole en dollars a été multiplié par 7 depuis le minimum de décembre 1998 et par 1, 8 depuis le pic précédent de décembre 2001.
L’évolution est moins spectaculaire en euros, compte tenu de l’évolution du taux de change. Le prix du baril vaut ainsi 53 euros actuellement alors qu’il valait 43 euros en décembre 2001, soit une augmentation de 23 % (au lieu de 80 % en dollar). Mais le taux de change étant actuellement à peu près stable (autour de 1, 25 dollar par euro), le pourcentage d’évolution est désormais le même que le prix du baril soit calculé dans l’une ou l’autre monnaie.
L’histoire du prix du pétrole est complexe2. Elle a notamment été marquée par les deux chocs pétroliers de 1973 et 19793, puis par le contre-choc pétrolier de 1986. Calculé en dollars constants de 2005, le prix est passé par un maximum de presque 100 $, au lendemain du second choc pétrolier ; il est donc actuellement encore sensiblement inférieur à ce record.
Les observateurs n’ont pas vu venir le tsunami actuel (pas plus d’ailleurs que la vague précédente). En septembre 2004, alors que le prix du baril franchissait les 40 $, l’Agence internationale de l’énergie (Aie) mettait cette évolution sur le compte de l’« exubérance irrationnelle des marchés ». Les appréciations ont bougé depuis et les anticipations se sont retournées : les prix du baril à terme sont désormais supérieurs aux prix au comptant, comme si les opérateurs anticipaient une poursuite du mouvement de hausse.
Le prix du gaz naturel est influencé par le prix du pétrole, dans la mesure où ces deux formes d’énergie sont en partie substituables, mais leur lien est complexe car de nombreux autres facteurs interviennent. Le transport joue un rôle important : il est aisé et donc peu coûteux pour le pétrole dont le marché est de ce fait quasi mondial ; il est beaucoup plus malaisé et donc plus coûteux pour le gaz qui, malgré le développement de la liquéfaction, reste essentiellement acheminé par gazoducs, de sorte que le marché du gaz reste très régional. La commercialisation du gaz est encore largement dominée par des contrats pluriannuels, même si le recours au marché libre se développe. Dans les faits, la hausse des prix du pétrole se répercute avec un certain décalage sur le prix du gaz. Dans l’indice des prix à la consommation, l’énergie a un poids de 7, 8 % et son glissement sur un an a atteint 16, 4 % en décembre 2004.
Les quantités d’énergie consommées baissent donc peu malgré la hausse du prix, et la facture énergétique des ménages absorbe une partie de leur revenu disponible ; sauf réduction de leur épargne, leurs achats d’autres biens diminuent donc, d’autant plus que les prix de ces autres biens peuvent eux aussi augmenter en fonction de leur contenu en énergie. Le renchérissement du pétrole et, à travers lui, de l’énergie, exerce donc un effet dépressif sur la demande des ménages et par suite sur l’activité économique.
La facture énergétique de la France augmente. Minimale en 1998, où elle était de 9, 4 milliards d’euros, elle est passée par un pic de 22, 4 milliards en 2000, est redescendue à 20, 5 milliards en 2002, mais est de nouveau en forte augmentation : 39, 7 milliards en 20044 ; l’année 2005 devrait être pire encore.
Certes, la hausse du prix des hydrocarbures se traduit aussi par une augmentation des revenus des pays exportateurs, et des retombées positives peuvent en résulter pour la France, mais elles dépendent d’une part du recyclage, par ces pays, des excédents de leurs recettes d’exportation (fraction donnant lieu à des achats, fraction épargnée), d’autre part du positionnement (spécialisation, compétitivité) de la France sur les marchés considérés. Il ne semble pas que cette force de rappel suffise à compenser l’effet dépressif exercé par le renchérissement des hydrocarbures sur l’économie française.
Le prix des matières premières minérales est lui aussi en forte hausse. Le prix en dollar du minerai de fer importé par la France a considérablement augmenté. À titre d’exemple, le minerai de fer brésilien dont l’unité fluctuait autour de 30 $ depuis 1995, a été porté à 32 $ en 2004, puis à 38 $ en janvier 2004, et désormais à 65 $ depuis mars 2005.
Le prix de l’acier en dollars a presque doublé depuis 2002. Il intègre ainsi l’augmentation de ses principaux inputs. En euros, l’évolution est plus faible.
Le mouvement de hausse touche aussi les métaux non ferreux dans leur ensemble. Il est particulièrement spectaculaire sur le nickel, mais il affecte aussi l’étain, l’aluminium, le zinc et – dans une moindre mesure – le cuivre.
Conjoncture mondiale : dynamisme de la demande et tensions sur l’offre
Selon les perspectives pour l’économie mondiale publiées par la Banque mondiale en avril 2005, le Pib mondial a augmenté de 3, 8% en 2004, soutenu par une progression des échanges en volume de 10, 3 %. Dans les pays à revenu élevé, la croissance a été de 4, 4% aux États-Unis, de 2, 6 % au Japon et de seulement 1, 8 % en Europe, dont 2, 5 % pour la zone euro5 et 2, 3 % pour la France6. Mais les pays en développement ont connu une croissance rapide7, la plus forte de ces trente dernières années, avec 9, 5 % pour la Chine, mais aussi 7% pour l’Inde et 5% au Brésil. Il a, en outre, été de 7% en Russie.
Les perspectives 2005 sont une certaine décélération – notamment sous l’effet du resserrement de la politique monétaire américaine – sauf légère accélération zone euro. Le renchérissement continu du prix du pétrole assombrit cependant ces perspectives.
Le pays dont tout le monde parle : la Chine
La Chine est sur toutes les lèvres. Elle est la star de la croissance. Mais on a découvert assez récemment son éveil tonitruant qui pourtant ne date pas d’hier. La Chine a connu8 un taux de croissance moyen de 9, 9 % par an sur la période 1986-1995 et 8, 5 % par an sur la période 1996-2005 ; la taille de son économie a ainsi été multipliée par 2, 6 sur la première période et par 2, 3 sur la seconde, par 5, 8 en cumulé. Ce développement rapide de la Chine, jouant sur une taille désormais très significative à l’échelle mondiale, pèse sur le marché de l’énergie et des matières premières.
Ainsi la demande de pétrole de la Chine, qui était de 4, 7 millions de barils par jour en 2001, s’est élevée à 8, 9 millions de barils par jour au cours du deuxième trimestre 2005, soit 10, 87 % de la demande mondiale (81, 9 millions de barils par jour), à comparer à la demande de l’Amérique du Nord (25, 2 %) et à celle de l’Europe (15, 3 %). La Chine est devenue9 le deuxième importateur de pétrole dès fin 2003. Ce dynamisme de la demande chinoise de pétrole va continuer à pousser la demande mondiale de pétrole à la hausse.
La Chine pèse aussi sur la demande mondiale de minéraux. « Elle a développé de manière importante son industrie sidérurgique en multipliant par 3, 3 sa production entre 1990 (66, 3 millions de tonnes) et 2003 (220 millions de tonnes)10 », ce qui en fait de très loin le premier producteur mondial (25% de la production mondiale) alors qu’elle est (seulement !) le quatrième producteur mondial de minerai de fer avec 127 millions de tonnes en 2003, soit 12 % de la production mondiale. Son impact est important sur le cours des métaux ferreux, ainsi que des métaux non ferreux qui entrent dans l’acier et dans les autres biens utilisés dans l’industrie et le Btp.
Mais la Chine est devenue11 exportatrice nette de produits sidérurgiques en 2004. Elle est désormais un concurrent direct des sidérurgistes occidentaux ou japonais notamment dans le domaine de l’acier inoxydable dont le prix enregistre des pressions à la baisse. Le marché mondial de l’acier n’est donc pas à l’abri d’un retournement, qui ne serait qu’une nouvelle confirmation de son caractère cyclique (pénuries puis pléthore de capacités de production) mais qui pourrait être douloureux pour les sidérurgies européennes.
La forte croissance de la Chine va-t-elle perdurer ? Certes, son rattrapage est encore loin d’être terminé et son expansion pourrait encore se prolonger pendant deux à trois décennies avant qu’elle ne rattrape le niveau de vie des États-Unis. Cependant bien des déséquilibres se développent qui peuvent faire douter d’une continuation à ce train : le suréquilibre considérable de la balance commerciale chinoise12 appellera une nette appréciation du yuan qui vient à peine de s’esquisser ; le creusement des inégalités intérieures suscitera sans doute des réformes sociales et sans doute politiques ; la dégradation de l’environnement nécessitera elle aussi des mesures correctrices
Une demande potentielle énorme (et légitime) du côté des pays en développement
Pour autant, l’accalmie est loin d’être certaine car on assiste à un véritable décollage des pays en développement.
C’est le cas de l’Inde, qui a connu un taux de croissance moyen lui aussi remarquable de 5, 8 % par an depuis 10 ans et qui – on l’a vu – s’est accéléré récemment. Certes son Pib par habitant est aujourd’hui de 2 700 $, à peine plus de la moitié du Pib par tête de la Chine (et 7% du Pib par tête américaine) ; mais la masse démographique de l’Inde est, elle aussi, considérable (1 065 millions d’habitants en 2003) et elle croît plus vite que celle de la Chine qu’elle aura dépassée en 2050. L’Inde apparaît donc potentiellement comme une deuxième Chine.
Le Brésil, de son côté, qui a connu dans la décennie passée une croissance moyenne de 2, 1 % l’an recouvrant des fluctuations en dents de scie, a amorcé une phase d’accélération. Il tire désormais le continent sud-américain. Sa population est actuellement de 178 millions d’habitants et elle croît de 1, 1 % par an.
L’Afrique elle-même connaît une accélération de sa croissance qui a atteint 5% en 2004. Il faudrait d’ailleurs qu’elle s’élève de 7% par an d’ici à 2015 pour atteindre les objectifs du millénaire.
D’une façon générale, les pays en développement dont le décollage est déjà effectif ou reste souhaitable sont à des niveaux de consommation par tête d’énergie et de matières premières très inférieurs au monde développé, sans compter leur retard sur les stocks de capital productif à tous les niveaux : publics (infrastructures), entreprises (usines, magasins, bureaux), ménages (logement). Leur développement va être vorace en énergie et en matières premières.
Même s’ils utilisent les technologies les plus récentes possédant la meilleure efficacité en termes de consommation unitaire d’énergie et de matières premières, ils vont tirer fortement la demande mondiale.
La saturation
En ce qui concerne tout particulièrement le pétrole, l’Opep a beau faire preuve de bonne volonté, elle ne peut plus augmenter sensiblement ses quotas. Les marges d’augmentation de la production à court terme sont faibles, même si certains investissements récents non Opep vont entrer en service et si l’Irak pourrait produire davantage en cas d’apaisement intérieur aujourd’hui hypothétique. À court terme, le flux mondial de pétrole commercialisé pourra difficilement dépasser 85 millions de barils par jour, limitant ainsi la demande mondiale effective de pétrole, l’équilibre du marché à ce niveau risquant d’impliquer une hausse additionnelle des prix et un freinage de l’activité économique.
Cette restriction de la demande par l’offre et l’augmentation corrélative des prix, donc des organismes producteurs, devraient en principe inciter à la réalisation d’investissements pétroliers en même temps que concourir à leur financement. Un nouveau cycle d’investissement pourrait donc se développer, pour amorcer un nouveau cycle de production, voire plus tard de surproduction. Cette évolution peut cependant être contrariée par plusieurs circonstances. L’une peut être un retour de l’Opep à un comportement restrictif d’oligopole. Une autre a trait aux interrogations sur les ressources ultimes d’hydrocarbures que recèle la planète.
Le débat sur les ressources ultimes disponibles d’hydrocarbures a en effet rebondi ces derniers temps13. Ce débat se déplace dans la mesure où les optimistes, qui font valoir que le progrès technique a toujours jusqu’ici repoussé les menaces d’épuisement des réserves exploitables, cèdent peu à peu du terrain aux pessimistes, qui soulignent que les découvertes récentes de pétrole conventionnel sont assez décevantes et sont désormais inférieures au rythme de l’exploitation. Certes, il reste d’importantes réserves de pétrole non conventionnel (huiles extra-lourdes du Venezuela et sables asphaltiques du Canada) qui représentent un potentiel exploitable comparable aux réserves du Moyen-Orient, mais leur mise en valeur nécessiterait des investissements très importants (quoique largement rentables au prix actuel du baril) et comporterait un bilan énergétique faible (il faut beaucoup d’énergie pour extraire ces hydrocarbures).
Les experts s’interrogent ainsi sur la date à laquelle la production de pétrole passera par un maximum14 avant de décroître et situent cette date entre 2020 et 2030, les plus pessimistes parlant de 2010 et les plus optimistes de 2040.
Si la demande de pétrole continue à augmenter sous l’impulsion notamment des pays en développement, il est clair alors que l’équilibrage du marché impliquera une augmentation croissante des prix… ou la mise en place de mesures de substitution atténuant la demande de pétrole ou offrant des produits rendant le même usage.
Mais la nécessité d’infléchir l’envolée actuelle de la demande de pétrole et plus généralement d’énergie fossile ne naît pas seulement ni même principalement des doutes sur les ressources ultimes disponibles. Elle s’impose plus encore pour éviter l’accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, ce qui est indispensable pour lutter contre le réchauffement climatique.
Comment assurer le développement de la planète sans buter sur l’insuffisance d’énergie et sans aggraver le réchauffement climatique ? Telle est une des questions clés à explorer pour préparer l’avenir.
Le défi primordial : produire en abondance une énergie propre
Comme on l’a vu, l’énergie est un facteur de production essentiel. On pourrait ajouter : au même titre que le travail, dont elle est à bien des égards complémentaire. Certes, cette complémentarité n’est pas rigide et il faut certainement chercher à améliorer le côté intensif en renforçant l’efficacité énergétique. Mais du côté extensif le développement des pays dits jadis « non industrialisés » et la convergence de leur niveau de vie avec ceux des pays développés susciteront, comme l’atteste l’exemple actuel de la Chine, une inévitable augmentation de la demande d’énergie mondiale qui l’emportera vraisemblablement sur les gains en termes d’intensité.
Le problème crucial est alors de produire (sous diverses formes) une énergie propre en abondance. La solution de ce problème pourrait en résoudre d’autres, évoqués plus haut, comme par exemple l’accès aux minerais (gisements de plus en plus difficiles, recyclage) ou d’autres fort importants comme l’accès à l’eau (dessalement de l’eau de mer par exemple).
Pour illustrer cette problématique, nous nous appuierons, parmi nombre de scénarios disponibles, sur ceux de l’Aie, avant de conclure sur quelques suggestions en termes de politiques publiques.
Éclairage pour les politiques énergétiques
Le développement rapide des pays autrefois faiblement industrialisés va provoquer un mouvement durable d’augmentation de la demande mondiale d’énergie ainsi que de matières premières.
Le problème des énergies non renouvelables est doublement critique. D’abord, parce que les ressources finales disponibles sont limitées (même si cette limite est mal connue) et que les flux mobilisables devraient passer par un maximum entre 2020 et 2030 puis décroître, sauf à mobiliser les ressources en pétroles non conventionnels ; de sorte que les tensions sur le prix des hydrocarbures devraient persister (ce qui n’exclut pas des fluctuations, comme on en a déjà connu plusieurs). Ensuite et plus encore, parce que le maintien d’une consommation mondiale élevée de combustibles fossiles se traduirait par une concentration accrue de gaz à effet de serre dans l’atmosphère ayant des conséquences néfastes sur le changement climatique.
Le recours extensif à l’énergie est indispensable au développement mondial. Il importe donc d’y pourvoir, en s’attachant à la fois à améliorer l’efficacité énergétique et à produire de l’énergie selon des modalités n’aggravant pas l’effet de serre.
La politique énergétique est donc plus que jamais un enjeu crucial et doit se déployer selon ces deux axes.
La France – et l’Union européenne – doivent continuer à y prendre toute leur part en termes d’orientations politiques, mais aussi en ter -mes de maîtrise des technologies appropriées. La France – et l’Union européenne – ont jusqu’ici acquis un savoir et un savoir-faire importants dans ce domaine. Alors qu’elles ont manqué la révolution informatique et se font distancer dans la course aux biotechnologies, elles disposent d’avantages comparatifs en matière énergétique. Il est très important qu’elles les maintiennent, les confortent et les développent comme un de leurs points forts dans la division internationale du travail et de la production qui se prépare à l’horizon du milieu du siècle.
La France est en pointe dans certains de ces domaines, mais pas dans tous, loin s’en faut. Il y aurait donc place pour un développement de son investissement dans ces technologies, seule ou en association avec des partenaires, notamment au sein de l’Union européenne.
*
Avec la phase de décollage et de rattrapage économique des pays jadis non industrialisés et notamment des plus peuplés d’entre eux, la mondialisation provoque sur le marché de l’énergie une tension importante et qui ira vraisemblablement en augmentant. Elle suscite aussi sur le marché des matières premières des tensions fortes, mais celles-ci ont un caractère plus cyclique et leur solution dépend en partie de la disponibilité de l’énergie nécessaire au processus de prospection, extraction, traitement et recyclage. La production d’une énergie abondante est donc indispensable au développement planétaire. Mais cette énergie ne doit pas seulement être abondante, elle doit aussi être propre. Elle doit être respectueuse de l’environnement pour que le développement soit durable. Elle doit cesser d’aggraver le réchauffement climatique.
Une priorité devrait donc être accordée aux efforts de recherche portant sur la production d’une énergie à la fois abondante et propre et aussi sur l’amélioration de l’efficacité énergétique des modes de production, de transport et de consommation. L’engagement déterminé de la France et de l’Union européenne leur permettrait de se constituer dans ce secteur d’avenir des avantages comparatifs dont ils n’ont pas su se doter dans le domaine de l’informatique et – c’est à craindre – des biotechnologies.
Septembre 2006
- *.
Ce texte, écrit en septembre 2006, n’a pas été actualisé. Les données présentées sont donc susceptibles de révision. Joël Maurice est directeur du Ceras (Centre d’analyse et de recherche en analyse socio-économique) à l’École nationale des ponts et chaussées.
- 1.
Plus précisément le baril de West Texas Intermediate (Wti) a coté 67 $ et le brent (pétrole de la mer du Nord) 66 $ le baril. Le prix des pétroles moins légers, donc moins bien adaptés aux besoins des raffineries, est affecté d’une décote variable, de quelques dollars.
- 2.
Voir par exemple le rapport du Conseil d’analyse économique, Prix du pétrole, mai 2001, www.cae.gouv.fr
- 3.
Le choc de 1991 provoqué par la première guerre d’Irak a été éphémère.
- 4.
Insee, Comptes de la nation, comptes trimestriels.
- 5.
Source : European Economy, no 4, 2004.
- 6.
Source : Insee, Comptes de la nation annuels.
- 7.
Source : Banque mondiale.
- 8.
Source : UN, World Economic and Social Survey.
- 9.
Source : Coe, novembre 2003.
- 10.
Source : Coe.
- 11.
Source : Onu, 4 novembre 2004.
- 12.
Il ne faut cependant pas surestimer le suréquilibre extérieur chinois. Selon Imago Mundi, en 2004 l’excédent était de 30 milliards de dollars pour la Chine, mais il était du même montant pour la Norvège, de 41 milliards pour la Suisse, de 46 milliards pour la Russie, de 51 milliards pour l’Arabie saoudite, de 73 milliards pour l’Allemagne, de 170 milliards pour le Japon ; à comparer au déficit courant des États-Unis valant 645 milliards ; la France était en déficit de 305 milliards de dollars.
- 13.
On peut en trouver une présentation très pédagogique dans la note Réserves pétrolières, évolutions possibles des productions et des prix, rédigée par Denis Babusiaux et Pierre-René Bauquis pour l’Académie des technologies, version provisoire d’avril 2005.
- 14.
Courbe dite de Hubbert.