
Grand-messes musicales
Le dernier livre de Lionel Esparza, Le Génie des Modernes, explique le déclin de la musique savante à partir du xxe siècle par un processus de désacralisation progressive, couplé à la démystification du rôle du musicien dont on attend désormais qu’il se rende utile dans la société sécularisée.
Constater le déclin de l’écoute, voire de la pratique de la musique classique dans l’Occident d’aujourd’hui n’a rien d’original. En revanche, s’attacher, comme le fait Lionel Esparza, à comprendre les causes de ce dépérissement, les inscrire dans une vision historique et dans une perspective aussi bien spirituelle que sociologique, est utile. Le Génie des Modernes propose ainsi des prolégomènes à une action qui reste à définir.
Pour cela, Lionel Esparza choisit un point de départ qu’il qualifie de « signal alarmant » : le 23 mai 2013, le ministre de la Culture n’assistait pas aux obsèques du compositeur Henri Dutilleux. Il est un fait que la musique dite classique, cet art accusé d’élitisme1, à l’enseignement senti comme raide, subit aujourd’hui des coupes budgétaires marquées, un amenuisement des espaces dédiés dans la presse généralisée, sans compter que la disparition progressive des baby boomers risque d’entraîner celle des arts qu’ils ont portés et ce, malgré de nouveaux équipements comme la Philarmonie de Paris. Pourquoi ?
Esparza avance que l’époque où l’on apprenait la vie à l’opéra n’est plus. Au xxe siècle, c’est le cinéma qui prend en charge l’identification individuelle et le divertissement collectif. L’auteur se livre à un historique savant et informé de l’évolution du statut du musicien, qui le mène des salons