
Les Ombres de l’Amérique. de Dick Howard
Paul Valéry dit quelque part : « La vie de l’homme est comprise entre deux genres littéraires. On commence par écrire ses désirs et l’on finit par écrire ses mémoires. » Le dernier livre de Dick Howard, philosophe « huron » très au fait de la vie intime de l’Europe, de la France en particulier, et la commentant régulièrement dans les médias américains, n’est à proprement parler ni l’un ni l’autre, mais participe des deux genres littéraires. En se souvenant du jeune homme épris de justice qu’il fut dans les années 1960, juif américain installé à l’université d’Austin (Texas), membre des Students for a Democratic Society, il retrace l’embranchement historique du mouvement des droits civiques, qui avait déjà dix ans d’âge, sur la vague de fond étudiante de la protestation contre la guerre du Vietnam, à partir de 1965 ; puis, de Kennedy à Obama, remontant le fil de sa propre vie, il fait une sorte d’examen de conscience de la gauche américaine – ces liberals si exotiques pour nous – en guettant ce qui a été perdu, ce qui a fourché pour en arriver au présent