
Foreign Affairs, mars-avril 2019
The New Nationalism
Le dossier de printemps de Foreign Affairs porte sur le « nouveau nationalisme ». Utile à lire dans le prolongement du numéro de mars d’Esprit sur la forme polonaise d’un populisme autoritaire qui gangrène les démocraties européennes et semble s’étendre inexorablement dans le continent américain, des États-Unis de Trump au Brésil de Bolsonaro.
Jill Lepore rappelle le rôle dans la fondation des États-Unis d’un nationalisme inclusif. La question n’est pas d’être pour ou contre une histoire nationale, mais de ne pas laisser la question aux mains des populistes qui pourraient se targuer, parce qu’ils seraient les seuls à défendre la nation, d’être les derniers à l’aimer.
Pour Jan-Werner Müller, l’arrivée au pouvoir de gouvernements populistes ne signe pas la résurgence d’un vaste mouvement nationaliste, mais résulte plutôt de la défiance à l’égard de systèmes, de partis ou de personnalités politiques discrédités. Une fois en place, ces gouvernements se disent seuls légitimes à représenter le peuple. Il ne faut donc ni fustiger les électeurs embarqués dans une aventure populiste, au risque de rendre plus difficile encore leur l’émancipation, ni négocier au fond avec des mouvements dont le seul intérêt est de conserver le pouvoir.
Kwame Anthony Appiah dénonce la fausse alternative entre nationalisme et cosmopolitisme et revendique la possibilité d’appartenances multiples. Les dirigeants européens qui pensent lutter contre les populistes en tergiversant sur les fondamentaux démocratiques tombent ainsi dans le piège de l’opposition supposée entre solidarité de proximité et humanisme transnational.
L’éditeur de Foreign Affairs Gideon Rose tente une conclusion optimiste : si nos leaders apportaient de vraies solutions aux vrais problèmes, ils éviteraient que les peuples aillent en chercher ailleurs.