
Écrire l’histoire des sexualités de Jeffrey Weeks
Le pluriel dans le titre n’est pas anodin. Il indique d’emblée l’orientation (le parti pris ?) : quand l’histoire des sexualités est écrite à partir des mentalités et plus encore à partir du genre, elle s’oppose à tout essentialisme biologique (à la dualité sexuelle inscrite dans le corps) et raconte des sexualités multiples. L’auteur anglais de cet essai va manifestement quelque peu au-delà du constat : il ne cache pas un point de vue militant. S’inspirant largement de la littérature anglo-américaine sur le sujet, il est éclairant sur nombre d’évolutions récentes à propos de l’abord historiographique – et politique – des sexualités, et donne une place de choix aux travaux et aux débats d’origine queer, Lgbt, féministe, postcoloniale…, où les interprétations et les prises de position sont plus différenciées qu’on ne le croit généralement. On note la grande importance, mais pour les discuter, des thèses de Michel Foucault sur le « biopouvoir », et aussi un chapitre essentiel sur la « mondialisation de l’histoire des sexualités », qui marque bien les difficultés, au stade actuel en tout cas, de l’universalisation des idées (et des libertés) occidentales sur ces sujets. Si le sexe biologique est congédié, force est de constater que l’enfant, significativement, l’est aussi – comme s’il n’avait plus rien à voir en général avec des relations sexuelles…