
Le marché contre l’humanité de Dominique Bourg
L’universitaire franco-suisse, auteur d’une œuvre largement consacrée à la pensée écologique, avance que nous serions aujourd’hui confrontés à une disparition du pouvoir des États. Ceux-ci, s’évaporant sous l’effet d’un marché globalisé, ne pourraient plus faire obstacle à l’action destructrice de ce dernier sur la planète et les liens sociaux. La souveraineté est devenue problématique.
Cette souveraineté est définie comme « la source de la mise en forme de l’existence des individus d’une société par la loi ». Elle peut être explicite, renvoyant à une instance particulière comme l’État ou l’Église, ou implicite, exercée par la société elle-même sans médiation institutionnelle, via des règles tacites. En Europe, de la réforme grégorienne du xie siècle au traité de Westphalie en 1648, Église et États se sont partagé le pouvoir. Mais, à partir du xviie siècle, les États reprennent la main, imposent les religions, structurent territoires et marchés : la souveraineté devient unique. Pour l’auteur, nous pourrions revenir aujourd’hui à un partage de souveraineté, cette fois entre des États et un marché globalisé. Comme l’Église, ce marché dispose d’un territoire transnational et prend appui sur une doctrine. Mais, à la différence de l’Église qui se trouvait dans une position de combat avec l’État, le marché en serait un allié. Il pact