
Trois soulèvements. Judaïsme, marxisme, et la table mystique de Denis Guénoun
Un livre dense, à l’écriture alerte, lumineuse. Dans sa brièveté, il couvre de très vastes territoires, de la vie privée la plus intime aux plus larges espaces de la scène planétaire : conflit israélo-palestinien, contradictions du capitalisme mondial, survie de l’humanité…
Trois parties annoncées par le sous-titre commencent de façon analogue par une confidence. Judaïsme, marxisme, christianisme (car c’est de cela qu’il s’agit derrière « la table mystique ») sont, pour lui, trois questions, trois dimensions de notre histoire commune, qui sont d’abord inscrites dans sa propre biographie, sa vie, son corps. En effet, la pensée de Guénoun est puissamment incarnée. Ce petit volume, ce sont ses Confessions. On y trouve des « aveux », comme dans le livre d’Augustin. Ils n’ont rien de gratuit ou d’égotiste. Ils posent le terreau où ont poussé les larges perspectives d’une pensée fraternelle, en quête de sens dans un monde où les propositions les plus prophétiques ont été tragiquement écrasées, perverties par l’entropie humaine, trop humaine : nationaliste, financière, bureaucratique, religieuse… Il faut dire aussi que Guénoun est homme de théâtre et que, pour lui, le langage ne saurait se limiter à la rhétorique. Pas de langage sans présence du corps.
La première partie, sur le judaïsme, est introduite par l’image du père. Il est la racine de l’héritage reçu. Il est raconté en quelques pages bouleversantes : beauté du père, instituteu