
Au voleur !. Anarchisme et philosophie de Catherine Malabou
Le titre de l’ouvrage de la philosophe Catherine Malabou renvoie au « vol philosophique de l’anarchie des anarchistes » qu’aurait commis la philosophie contemporaine. Elle estime que si ses représentants ont pu produire une critique ou une déconstruction de la domination, ils ne sont jamais allés jusqu’à envisager que « les hommes puissent vivre sans être gouvernés ni se gouverner ». Ils n’ont « jamais conceptualisé la dimension anarchiste de leurs concepts d’anarchie », et pour cette raison, « la philosophie a manqué sa critique de la domination ». Catherine Malabou cherche donc, dans cet ouvrage, à repenser l’anarchisme.
Ce problème se pose d’autant plus qu’il y a un échec de l’anarchie, dû à la « crise de l’horizontalité » contemporaine, qui tient à « la coexistence d’un anarchisme de fait et d’un anarchisme d’éveil ». Le premier renvoie au délitement d’un État-providence qui ne parvient plus à modérer les dégâts sociaux et environnementaux causés par le capitalisme oligarchique. Dans cet anarchisme de fait intervient le tournant anarchiste du capitalisme lui-même, dont Catherine Malabou a pris conscience en découvrant les cryptomonnaies, qui « parasitent » les devises nationales. Ce « cyber-anarchisme », sans rapport avec l’idéal émancipateur de l’anarchisme politique, s’accompagne d’un durcissement des pratiques gouvernementales, dont Donald Trump a été représentatif. Le