
La Connaissance mystique. Émergences et frontières, de Frédéric Nef
Dans une démonstration aussi érudite que fluide, Frédéric Nef défend l’idée que la mystique est une forme de la connaissance qui n’est pas à prendre avec moins de sérieux que la connaissance rationnelle. Il s’appuie en cela tant sur Charles Péguy, Henri Bergson, Michel de Certeau que sur Alfred North Whitehead, Bertrand Russell et Ludwig Wittgenstein. Il est très rare qu’un philosophe estampillé analytique – Frédéric Nef est métaphysicien à l’Institut Jean Nicod – se lance dans l’examen de la mystique et encore plus qu’il y discerne une forme de connaissance, en tous cas dans les développements contemporains de ce courant philosophique.
Frédéric Nef déploie son argument en deux temps. Le premier s’attache à retracer l’émergence de la mystique et ses résurgences, malgré les procès en irrationalité qui lui sont constamment faits. Le second aborde de front la question du statut de la mystique, ses frontières et le lien entre expérience et connaissance mystiques. L’ouvrage rattache l’« expérience directe de Dieu ou de la Déité » à « des processus d’émergence pluriels et relativement hétérogènes ». La première partie propose un retour sur cette émergence dans les temps bibliques et dans l’Antiquité et ses résurgences à la fin du xixe siècle pour déboucher sur une critique de la déconstruction post-moderne de la mystique. L’ambition de ce premier volet n’est pas histor