
Crises et révoltes au Moyen-Orient
Près d'une décennie après les printemps arabes, une nouvelle vague de révoltes est apparue au Liban, en Irak, en Iran, mais aussi en Algérie et au Soudan. Joseph Bahout, Marie Ladier-Fouladi et Agnès Levallois apportent leur éclairage.
Une décennie après les printemps arabes de 2011, une nouvelle vague de soulèvements affecte le Liban, l’Irak, l’Iran, mais aussi l’Algérie et le Soudan. Y a-t-il une dynamique commune ou des différences nationales ?
Joseph Bahout – Les événements actuels s’inscrivent dans le cycle révolutionnaire arabe qui a commencé en 2010. Tant qu’on ne répond pas aux questions fondamentales (gouvernance, corruption, dignité) de façon structurelle, tant qu’on en reste à des traitements sécuritaires anti-terroristes, ces questions resteront ouvertes.
Ce qui se passe en 2019-2020, c’est le passage à une nouvelle génération : des leçons ont été tirées de ce qui s’est passé en Tunisie, en Égypte, en Libye, au Yémen et en Syrie. On constate désormais une grande méfiance par rapport à la violence. On observe ensuite l’absence de dirigeants ou de représentants de ces révolutions, qui est à la fois une stratégie de parade face au pouvoir et une limite du mouvement. Son corollaire, thème principal de ces nouvelles révoltes depuis un an, est le « dégagisme » : « Partez et on verra bien ce qu’