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Un mouvement entre l’Unef et la Confédération étudiante

mai 2006

#Divers

Le soulèvement pacifique de mars-avril n’aura-t-il été que la répétition d’un scénario trop connu ? Certains voudraient le croire ou nous le faire croire. On y a certes entendu les échos du « non de gauche » du printemps dernier et quelques « tous ensemble… ouais ! » de discutable mémoire ? Oui mais voilà : il y a beaucoup plus, au point qu’on sent bien, que si le neuf n’a point dissout le vieux par miracle, il existe bel et bien et donne un autre sens à l’événement. Le « mouvement » étudiant et lycéen a été beaucoup plus démocratique, moins manipulé par l’extrême gauche, et surtout tourné vers l’avenir. Il ne s’agissait pas cette fois-ci d’habiller n’importe quelle crispation corporatiste des couleurs fanées du Grand Soir. Mais plutôt de protester contre une tentative de revenir sur des acquis fondamentaux du droit social, sous prétexte de sa complexité. Les jeunes ont parfaitement compris que la meilleure façon de traiter la maladie n’est pas de tuer le malade ! Et les acteurs réformistes, anciens ou nouveaux, ont réduit à la portion congrue les Besancenot et les Laguiller, presque invisibles cette fois-ci… En revanche, la Cfdt a brisé son isolement (souvenons-nous de Nicole Notat insultée et molestée en décembre 1995), FO semble tourner le dos à ses démons lambertistes, et la Cgt de Bernard Thibault n’a pas joué le blocage des transports. Et du côté des étudiants, nous trouvons une Unef dirigée par un socialiste, mais surtout la Confédération étudiante, que ce conflit aura permis de faire connaître à l’opinion publique, ainsi que sa présidente, Julie Coudry, qui a su mieux que personne faire comprendre qu’il ne s’agissait pas en l’occurrence de gymnastique révolutionnaire, ni même de refus par principe de refuser toute « flexibilité », mais de redonner leur place au compromis social et aux droits fondamentaux. Cette progression de la démocratie et de la délibération en acte s’est également traduite, il faut le redire, dans la tenue de nombre d’assemblées générales, dans les facs ou les collèges et autres lycées. On a pu voir des opposants au Cpe ou aux blocages – ce n’était pas forcément les mêmes – s’exprimer sans être expulsés, ni même interrompus dans des auditoires pourtant acquis au mouvement. Et les discussions, pour une fois, avaient lieu sur les textes, et sur des contre-propositions, loin des calculs sectaires ou politiciens qui ont été le lot de tant d’autres mobilisations. Certes la présence d’éléments plus ou moins anarchistes ou ultra-gauche, ou tout simplement « nihilistes » est aussi une réalité. Mais elle n’est pas à notre sens, comme tant de beaux esprits l’ont affirmé, la vérité de cette séquence considérable qui montre que le monde ne change pas toujours pour le pire.

Daniel Lindenberg

Historien, ses travaux de prédilection portent sur l'histoire des idées politiques et les controverses intellectuelles. Son livre sur le Marxisme introuvable (Paris, Calmann-Lévi, 1975) a participé d'une relecture de la place du marxisme dans les idées politiques en France. Il a consacré de nombreuses études aux interférences et aux croisements entre visions religieuses et idées poitiques,…

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