L'évidence du cauchemar. La violence des images djihadistes
La violence des images djihadistes
Les images de violence extrême diffusées par les organisations terroristes ne sont pas des documents. Elles imposent un rapport inédit au vrai, qui exacerbe la peur et inhibe la pitié, à rebours de notre tradition iconographique.
Dans un essai qui fit scandale à l’époque, Sur Racine (1960), Roland Barthes recourut à cette définition apparemment efficace : « Violence : contrainte exercée sur quelqu’un pour l’obliger à faire ce qu’il ne veut pas1. » Barthes reprenait à son compte une conception de la violence comme force brutale exercée sur un autre, moralement, psychiquement ou physiquement, et assumait l’articulation à la perte de liberté qu’une telle conception impliquait. La violence dans sa puissance destructrice est une énergie négative, dont on accepte que l’intensité puisse avoir une capacité séductrice.
Dans un entretien daté de 1978, Propos sur la violence2, Barthes est à nouveau confronté à la définition du terme. Il établit une distinction entre le substantif et l’adjectif, voyant une