
L'Université, entre connaissance et intérêt ?
Pour un dialogue critique
L’Université est en crise mais, contrairement au discours victimaire dominant, ses acteurs participent du "nouvel ethos néolibéral", renforcent les positions dominantes acquises et refusent de mener à bien leur auto-analyse collective.
L’Université est en crise. Une crise qui se lit comme un symptôme parmi d’autres d’un essoufflement économique structurel. En réalité, cette situation est le produit d’un choix de société. La rhétorique qui brandit le spectre de la crise financière pour justifier les réductions budgétaires, les suppressions de postes ainsi que la dévalorisation des inutiles et peu rentables sciences humaines et sociales est bien plutôt la conséquence d’un changement de paradigme opéré en amont.
Toutefois, si ces choix réalisés à une échelle plus globale sont indéniablement à l’origine des transformations subies par le monde universitaire, notre propos n’est pas de relayer la vision dichotomique qui oppose trop souvent l’Université au reste de la société, rejetant toute la faute sur cette dernière. L’Université est partie prenante de la société. Aussi notre intention est-elle de démêler le discours victimaire dominant et de montrer comment ses acteurs participent de la situation dans laquelle elle se trouve aujourd’hui. Au lieu d’entretenir l’illusion d’un monde académique détaché du contexte social et politique et tout entier dévoué à la science, il nous