
Le jeune Ahmed, un djihadisme de proximité
Comment sort-on du désir de tuer ? Affrontant sans faux-semblant la radicalisation, Le jeune Ahmed réalise le magnifique portrait d’un enfant de l’Europe après les attentats de 2015. Le film guette aussi l’espoir qui naît, dans nos institutions démocratiques, de personnalités d’aidants : des juges, des enseignants, des médecins, des éducateurs, auxquels il rend hommage.
Le Jeune Ahmed[1] de Jean-Pierre et Luc Dardenne met en scène la trajectoire d’un jeune garçon radicalisé de treize ans qui projette de tuer son enseignante pour défendre sa religion, sa quête de pureté. Retenu dans un centre fermé, suivi par un éducateur de référence (Olivier Bonnaud, le remarquable jeune médecin en crise de vocation de La Fille inconnue[2]), Ahmed sort parfois pour se rendre dans une ferme où il rencontre Louise, une jeune fille de son âge avec qui il pourrait flirter. Mais rien ni personne ne semble atteindre le jeune garçon ; pas même sa mère convertie qu’il méprise et considère comme une « mauvaise musulmane ». Les frères Dardenne tiennent avec maestria les rênes de la destinée tragique du jeune garçon à mesure qu’il s’enferme dans l’obsession du meurtre qu’il prépare. Sur son chemin, il croise des institutions belges à leur meilleur : des juges des enfants bienveillants, une psychologue et un éducateur parfaits. Le garçon tendra des mouchoirs à sa mère (excellente Claire Bodson) en visite au centre fermé. Mais c’est seul, finalement, qu’il se dirigera vers sa victime pour lui faire face, enfin.
Comment sort-on du désir de tuer ? Le visage de l’autre le permet-il ? Alors qu’un prix de la mise en scène au festival de Cannes a justement récompensé Le Jeune Ahmed, et puisque Jacques Taminiaux, qui fut le professeur de philosophie de Luc Dardenne à l’université de Louvain (et l’élève de Levinas), nous a quittés le 7 mai 2019, il faut mesurer l’importance pour notre temps de la pensée morale et politique qui chemine dans le cinéma des Dardenne depuis quarante ans. Inlassablement, ils imaginent des personnalités qui n’ont pas accès à la moralité ; pour qui le bien et le mal n’existent pas parce que leur enjeu est d’abord de survivre. Ils pensent et filment là où nos sociétés ont mal : le chômage et la détresse des jeunes dans Rosetta et L’Enfant, l’immigration et le marché noir dans La Promesse et Le Silence de Lorna, les restructurations et les fermetures d’usines dans Deux Jours, une nuit, l’exploitation et l’invisibilisation des plus faibles dans La Fille inconnue. En observateurs lucides, engagés, et en cinéastes experts, ils guettent aussi l’espoir qui naît dans nos institutions démocratiques de personnalités d’aidants : des juges, des enseignants, des médecins, des éducateurs, auxquels ils rendent hommage en créant des personnages magnifiques avec des acteurs dirigés au cordeau. Affrontant sans faux-semblant la radicalisation, Le Jeune Ahmed regarde avec amour un enfant à la dérive et avec intransigeance les adultes qui l’entourent, responsables religieux compris, réalisant un magnifique portrait d’un enfant de l’Europe après les attentats de 2015.
Élise Domenach
Qu’est-ce qui a été à l’origine du projet de ce film ?
Luc Dardenne – On a commencé à travailler il y a trois ans, après les attentats de 2015 en France et en Belgique. On s’est demandé comment répondre à cela, comment filmer ce qui est en jeu. Au départ, on avait des personnages plus âgés : un garçon et une fille. Notre idée (qu’on a conservée) était non pas de filmer comment on se radicalise, mais de montrer comment on peut sortir de cette version radicale de la religion en prenant un personnage déjà radicalisé. On n’y est pas arrivé avec ce personnage plus âgé. C’était trop romanesque. Et le risque, à montrer une histoire d’amour de jeunes de vingt ans qui arrange tout, était de ne pas considérer les victimes de ces attentats. On ne se confronte pas vraiment au radicalisme si on dit qu’on y échappe par une histoire d’amour. On s’est dit que, peut-être, si on prenait un enfant perméable par définition, captable par cette idéologie, le spectateur (et nous-mêmes en écrivant) pourrait voir à la fois celui qui est radicalisé et celui qui ne l’est pas. Et que, peut-être, à la fin du film, on arriverait à le sortir des rets de son imam. Comment ? Cela a été plus difficile qu’on le pensait !
Ahmed a treize ans. C’est un âge important dans votre cinéma. Très tôt dans le film, il dit à son enseignante : « Je n’ai plus cinq ans. » Face à lui, il y a un imam qui sort du jeu à partir du moment où Ahmed entre en centre fermé. Et vous vous centrez sur sa trajectoire parmi les éducateurs, psychologues, acteurs sociaux, juges.
Jean-Pierre Dardenne – La situation dans laquelle on met Ahmed, d’avoir un éducateur de référence, c’est un modèle à atteindre qui nous avait été décrit par quelqu’un qui allait le mettre en place et qui travaillait dans un centre pour jeunes radicalisés en France. Fethi Benslama[3] nous avait dit : sans doute le mieux est que chacun ait un référent. Dans la réalité – au moment où nous nous sommes documentés en tout cas –, ce n’était pas le cas. Ahmed est dans un centre fermé pour délinquants où un ou deux jeunes sur dix sont radicalisés.
Comment sont nés les personnages autour de lui ?
Luc – Nous nous sommes beaucoup appuyés sur notre expérience des écoles de devoirs maghrébines dans lesquelles Jean-Pierre et moi avons été bénévoles, dans les années 1992-1993, à Bruxelles pour moi, à Liège pour Jean-Pierre. Le principe, c’est un parrainage. Deux ou trois soirées par semaine, tu donnes cours de 16 heures à 18 ou 19 heures dans une maison de devoirs. Et le samedi, si les parents l’acceptent, l’enfant vient chez toi de 10 heures à midi. Les parents viennent le chercher et on discute, si ça se passe bien. On a rencontré des familles et des professeurs, maghrébins souvent. Le personnage de l’enseignante est venu de là.
Grâce à ce bénévolat, vous avez été à un poste d’observation de l’évolution de la société belge dans les années 1990.
Luc – En effet. J’ai senti arriver les imams d’Arabie saoudite. C’est à ce moment, ou un peu après, que les filles ont commencé à mettre des foulards. Je peux comprendre que des enfants aient connu des conflits de loyauté entre leur imam et moi. Je leur disais que je ne croyais pas en Dieu. Mais j’expliquais d’où je venais, mon éducation chrétienne. Et dès qu’ils allaient à la mosquée, c’était fini ; le rideau tombait. Je leur disais : « D’accord, on ne parlera plus de ça. L’important ici, c’est le français et les mathématiques. »
Ahmed projette sur son enseignante toute sa haine des impurs. Elle représente la corruption de la société à ses yeux, un peu comme la vieille dame qu’assassine Raskolnikov dans Crime et Châtiment. Il a le droit de la tuer, puisqu’elle est impure.
Luc – Oui. Le permis de tuer lui a été donné par l’imam. Même si l’imam ne lui a pas dit de le faire.
Le film prend au sérieux le fait que la radicalisation est une affaire de religion. Or cela représentait sans doute un vrai risque de se confronter à cela. Les films sur la radicalisation s’attardent plus volontiers sur le contexte social – précisément là où on vous attendait peut-être. Mais le film fait face à la noirceur des mobiles de ce garçon. Même si le contexte social est présent, bien sûr, à travers sa famille. Vous avez pris au sérieux le facteur de la foi.
Jean-Pierre – Oui ! Pour nous, on doit prendre la religion au sérieux. Peut-être parce qu’on a vécu dans un milieu ou on prenait la religion au sérieux. La contextualisation sociale est là, mais elle n’est pas agissante au premier plan. Il nous est apparu qu’il s’agissait d’autre chose.
Quelque chose qui échappe, du coup, à la mère du jeune Ahmed. L’actrice, Claire Bodson, est extraordinaire dans cette scène de visite à son fils où elle l’implore en pleurant : « Il faut que tu changes! » Elle est désarmée, perdue.
Jean-Pierre – Et son fils lui tend un mouchoir…
En même temps, elle est au cœur du problème (cœur dramatique du film, également) : Ahmed peut-il changer ? A-t-il changé ? Comment avez-vous inscrit sa transformation morale dans le film ? Dans ses rythmes ?
Luc – On a beaucoup travaillé, changé, refait. Finalement, on a décidé de casser le récit par cette chute. Alors que, dans nos précédents films, on construisait : on amenait un personnage secondaire vers le personnage principal et ce personnage secondaire était l’occasion de la transformation du protagoniste. Même si c’est à son insu, c’est quand même l’intervention d’un autre qui est décisive. Ici, beaucoup d’autres interviennent. Sans doute, cela joue un rôle dans le fait qu’il change à la fin. Mais c’est la confrontation à la possibilité de sa propre mort qui le fait changer finalement ; la confrontation à quelque chose qu’il ignorait. Il croyait que la mort était une piqûre de moustique, comme le dit son cousin. Quand il tombe, il a peur. Il est seul, immobilisé. Donc, on a cassé le récit par cette chute. Parce qu’il nous a semblé que faire venir vers lui un personnage qui l’en sortirait, cela ne fonctionnerait pas.
Par conséquent, ce n’est pas la même chute que celle du Gamin au vélo ; pas le même pardon que dans L’Enfant car il est verbalisé ; pas l’aveu de la fin de La Promesse. Sa transformation morale est filmée comme un arrachement.
Luc – On l’a filmée comme une naissance. Il sort de son état d’avant. Et il dit à sa victime quelque chose comme : « Pardon. Je veux vivre avec vous. »
Le film est plein de trouvailles dont on se demande si elles étaient présentes dans le scénario ou si elles sont venues au cours du tournage. Par exemple, ce détail sur le lait des vaches qu’il apprend à chauffer à trente-huit degrés, température interne du corps animal, avant de le donner aux veaux. Ou encore le rire d’Ahmed en réponse aux avances un peu brutales de Louise. Et la brindille avec laquelle elle le chatouille.
Jean-Pierre – L’histoire de la température du lait est venue d’un fermier qui nous a arrêté à un moment en disant : « Ah non ! Le lait, il faut le réchauffer d’abord ! » Comme la naissance parcourt le film, on a conservé cela. C’est dans l’écriture du film.
On pense aussi aux passages de Sur l’affaire humaine sur la naissance comme arrachement de la fusion première, qui signe notre destinée humaine, notre être-pour-la-mort[4].
Jean-Pierre – La brindille, c’était dans le scénario. Tout comme le gamin qui rit, repousse la fille et se referme. Mais il y a le comédien, bien sûr, qui fait exister cela. On a fait une dizaine de prises. Chaque fois, il était un peu différent. On donne des indications, mais on le laisse aussi se débrouiller, tenter des choses. Pour la scène du baiser, on a gardé la première prise. Ils étaient vraiment là et vraiment troublés tous les deux, je crois.
Comment avez-vous dirigé Idir Ben Addi qui interprète Ahmed ? Il a un jeu très intériorisé.
Luc – On ne l’a pas beaucoup dirigé. Il est un peu comme ça dans la vie. Quand il était avec nous, il était un peu comme ça. Mais je crois qu’il a un autre versant ; il paraît qu’il est espiègle. Avec nous, il était très sérieux, parce qu’Ahmed est un enfant sérieux. Avant de tourner, il s’adressait toujours aux autres sur le plateau : « Allez, salut l’équipe ! Je m’en vais dans le film ! »
Jean-Pierre – Oui. Son frère s’égare un peu dans le foot. Lui est sérieux, pieux. On le voit dans les scènes avec l’imam. Il porte des lunettes, qu’il attache de manière enfantine et ingénieuse. Il bricole. Cela fait sourire car on ne sait pas encore où cela va le mener.
Et petit à petit, on le voit insensible à tout, tel Meursault dans L’Étranger de Camus. Le monde glisse sur lui.
Luc – Il fait le bien, oui. Le bien des autres. Il n’a pas de conscience du mal. Il n’a pas honte. C’est plutôt les autres, à ses yeux, qui devraient avoir honte. Quand il demande à Louise de se convertir, il est logique, de son point de vue d’enfant. D’une logique imparable.
Le film comprend de nombreuses de scènes de prière, filmées différemment.
Luc – Il y a les cinq prières classiques, et les prières d’intention. Les prières sont en arabe. On comprend que lui apprend l’arabe. Les prières commencent toutes pareil. Par la suite, il cite une sourate. Parfois, il fait deux fois des sourates différentes. Parfois, ce sont des prières silencieuses. Quand il fait des prières d’intention, il offre à Allah l’acte qu’il va faire dans la voie du bien. Ou bien il demande pardon pour ses péchés.
Il y a une prière collective avec son imam. Avez-vous été tentés de filmer davantage la manière dont l’islam radical se diffuse auprès de lui ?
Jean-Pierre – Il nous semblait que le rapport avec l’imam installé au début était clair. L’imam lui donne un rôle, lui fait confiance. Cela apparaît à nouveau lors de la scène avec l’imam, Ahmed et son frère peu fiable. C’est d’ailleurs Ahmed qui prendra la parole dans la réunion publique sur la création du cours d’arabe non religieux.
Et c’est de l’antisémitisme qui sort de sa bouche…
Luc – Oui, mais à ce moment-là, il ne sait pas trop ce qu’il dit. Il dit : « Votre copain, il est juif ! » Puis, il se demande immédiatement s’il a bien fait de le dire. Il nous semblait qu’il était alors double : le gamin responsable et le gamin irresponsable. On essaie de capter ces moments.
Vous avez travaillé avec beaucoup de comédiens nouveaux : Claire Bodson (la mère), par exemple. Meryem Akheddiou jouait déjà dans Deux Jours, une nuit.
Jean-Pierre – Oui. Et dans Le Gamin au vélo. Dans Deux jours une nuit, elle jouait le rôle d’une collègue de Marion Cotillard, et dans Le Gamin au vélo, quand le gamin s’enfuit et se retrouve dans la salle d’attente d’un cabinet médical, il y a une dame derrière un bureau, c’est elle.
Olivier Bonnaud, qui était important en jeune médecin dans La Fille inconnue, est excellent ici encore.
Luc – Il a une autorité douce. Il nous a beaucoup aidés. On imaginait peut-être l’éducateur plus proche du gamin. Il avait raison : l’éducateur, c’est une autorité. On le vouvoie, on ne l’appelle pas par son prénom. C’est comme ça dans les centres. Il essaie de mettre l’enfant doucement devant ses contradictions. Par exemple : « Tu peux monter sur le tracteur oui, mais ça va être l’heure de ta prière. Tu choisis. » Doucement, créer des déclics chez lui.
Jean-Pierre – Othmane Moumen (l’imam), c’était la première fois qu’on travaillait avec lui. C’est un comédien très physique qui pouvait avoir aussi cette douceur qui explique que le gamin soit séduit. Il a une autorité, une densité, mais jamais en force. Il n’est pas tonitruant.
Vous avez eu des échanges avec des imams modérés, en amont du film ?
Luc – Oui, notamment le conseiller philosophique du centre fermé où on a tourné, qui est un imam modéré. Les jeunes viennent souvent au centre avec quelques versets, dont celui qui est cité dans le film qui dit que les juifs et les croisés souhaitent qu’on cesse d’être musulman. Il raconte qu’il lui répond en citant tel autre verset qui le contredit en partie… Il nous a expliqué le travail qu’il essaie de faire.
Jean-Pierre – Le comédien qui joue l’imam vient lui-même d’une famille mixte. Dans sa vie de tous les jours, il connaît des imams. Il est venu avec cela.
La famille mixte d’Ahmed est un élément de fragilisation pour lui. De plus, son père a disparu : il est désaffilié. Or on sait que c’est un élément qui revient dans les parcours de jeunes radicalisés.
Luc – Oui, car une famille mixte est impure. Sa mère a été convertie par le père au moment du mariage. Et son père, même s’il était là, Ahmed ne lui ferait pas confiance. Il s’est écrasé, comme il dit. Toute cette génération a déchu à ses yeux. Et puis, il y a la sœur qui s’habille de manière provoquante, sa mère qui boit un peu. On comprend qu’il n’est pas bien chez lui. Il est bien chez l’imam.
Malgré cette noirceur, il croise des institutions qui fonctionnent bien : justice, travailleurs sociaux, psychologues, école de devoir. Vous rendez un bel hommage aux institutions belges.
Jean-Pierre – Oui. On a rencontré des juges qui ont cette bienveillance.
Luc – En même temps… il faut attendre, voir comment cela va évoluer. Il est déjà arrivé qu’un jeune de seize ans attaque un imam modéré au couteau parce qu’un imam radical l’avait condamné. Ce jeune a été dans le centre où nous avons filmé. Il a demandé à rencontrer sa victime. Donc pas exactement comme dans notre film. Cela a pris deux ans. Le garçon est apparemment retombé dans la radicalisation depuis.
Dans ce film, il y a comme une marche de plus sur la question qui travaille votre cinéma : comment filmer la transformation morale ? Une difficulté supplémentaire à accéder à la moralité.
Jean-Pierre – Oui. Ahmed est un personnage pour qui le mal n’existe pas. C’est pour ça que personne n’a prise sur lui. Tout le film passe par son corps : la purification, l’impureté, le dressage du corps, la prière. Lui qui a un sentiment de puissance, de pureté, on s’est dit qu’il fallait peut-être qu’il soit physiquement arrêté. Une rupture accidentelle dans l’histoire qui atteigne son corps, pour qu’il revienne à lui, que son corps sorte de l’enchantement.
La sortie de l’enchantement semble reposer sur des petites choses, des symboles qui sont investis d’un sens qui lui-même peut changer du tout au tout. L’idée du pieu à la fin du film, qu’il arrache dans le mur, prévoit d’utiliser comme une arme et qui deviendra l’instrument de son salut (pour appeler au secours, une fois tombé), est très belle. C’est un très beau retournement qui prépare son retournement devant le visage de sa victime.
Luc – Pour cette scène finale, on a hésité sur sa réaction à elle. Fallait-il qu’elle ait peur ? Qu’elle hésite ou pas ? Elle est surprise de le voir, mais elle vient tout de suite. On a répété huit fois, calmement, presque mécaniquement.
Est-ce que votre co-production du film de Mohamed Ben Attia, Mon enfant chéri, a joué un rôle dans votre préparation du film ?
Jean-Pierre – Non, car on a préféré confier le travail à Delphine Tomson. On lui avait dit qu’on était partants pour le coproduire, mais qu’on ne lirait pas le scénario. En effet, on était embarqué dans notre travail et on ne voulait pas avoir à se poser la question de son film. On a découvert le film une fois fini.
Les deux films ont en commun de se dérouler essentiellement en Europe et d’interroger la radicalisation en Europe, sans se fasciner de la question du départ vers la Syrie.
Jean-Pierre – Oui. On a fait un djihadisme de proximité, domestique.
En Belgique, il y a un théâtre proche de ces enjeux pour la communauté musulmane, qui est soutenu et joué.
Luc – Rachid Benzine est souvent venu à Bruxelles et au théâtre de Liège. Il est ami avec Nabil Ben Yadir, notre ami dont on vient de coproduire un film sur un meurtre homophobe. Il s’agit du premier crime homophobe en Belgique, en 2012. Il se trouve que la victime était le fils de notre conseiller sur le tournage du Jeune Ahmed…
[1] - Belgique. 2019, 1 h 24. Scén. et mise en scène : Jean-Pierre et Luc Dardenne. Assist. réalisation : Caroline Tambour. Chef op. : Benoît Dervaux. Assist. opérateur : Amaury Duquenne. Chef mont. : Marie-Hélène Dozzo. Mont. : Tristan Meunier. Ingé. son : Jean-Pierre Duret, Julien Sicart. Mont. son : Valène Leroy. Mixage : Thomas Gauder. Déc. : Igor Gabriel. Cost. : Maïra Ramedhan-Levi. Maqu. : Natali Tabareau-Vieuille. Dir. prod. : Olivier Abrassart. Dir. post-prod. Belgique : Sébastien Demeyere. Dir. post-prod. France : Cédric Ettouati. Prod. : Jean-Pierre et Luc Dardenne, Denis Freyd. Prod. exéc. : Delphine Tomson. Prod. assoc. : Tanguy Dekeyser, Arlette Zylberberg. Distr. fr. : Diaphana.
[2] - Voir l’entretien avec Jean-Pierre et Luc Dardenne, « La communauté des coupables », Esprit, novembre 2016.
[3] - Voir Fethi Benslama, La Psychanalyse à l’épreuve de l’islam, Paris, Aubier, 2002 ; (sous la dir. de), L’Idéal et la cruauté. Subjectivité et politique de la radicalisation, Paris, Lignes, 2015 ; et Un furieux désir de sacrifice. Le surmusulman, Paris, Seuil, 2016.
[4] - Luc Dardenne, Sur l’affaire humaine, Paris, Seuil, 2012.