
Sorties de conflit : toutes les vérités sont-elles bonnes à dire ?
A partir des années 1970, notamment dans les pays d’Amérique latine qui ont connu la dictature militaire, puis en Afrique du Sud après l’apartheid, émerge un droit à la vérité. Ce droit est fragile tant la notion de vérité est équivoque et tant les obstacles politiques sont nombreux, mais il est fondateur pour les pratiques de justice transitionnelle.
Le « travail de vérité » appelé de ses vœux par Emmanuel Macron sur la guerre d’Algérie n’a pas toujours tenu lieu de ligne officielle. « La France n’a pas besoin de vérité. Ce qu’il faut lui donner, c’est l’espoir, la cohésion et un but », affirma De Gaulle pour justifier la censure par l’Ortf du documentaire Le Chagrin et la pitié de Marcel Ophüls sur la collaboration en France. Et quand ce n’est pas le crime lui-même qui est nié, c’est l’exigence de justice qui est sacrifiée au nom de la « paix sociale ». L’amnistie espagnole de 1977, les quatre lois françaises d’amnistie sur l’Algérie passées entre 1962 et 1982, la loi angolaise de 1994, etc. Les exemples sont tellement nombreux qu’entre 1945 et 2008, sur plus de trois cents conflits, près de la moitié ont été conclus par des amnisties générales (Liban, Mozambique, Sierra Leone…) sous le prétexte qu’elles favoriseraient la coopération de l’ancienne élite avec le nouveau pouvoir ou le désarmement de la rébellion. Pourtant, à partir de la fin des années 1970, le développement des commissions de vérité puis, à partir des années 1990, la création de tribunaux pénaux internationaux, ont contesté ces assertions. En deux décennies se sont affirmés un droit à la vérité et la nécessité de lutter contre l’impunité. Le paradigme paix, amnistie et justice a été revu et corrigé à l’