
Le pouvoir de révoquer les élus
Le désaveu des élections ne signale pas tant un rejet de la représentation qu’une volonté de réformer ses mécanismes. Réfléchir à une procédure de révocation des élus permettrait d’interroger la marge d’indépendance qu’il est nécessaire de laisser aux dirigeants.
L’insatisfaction d’une grande partie de la population à l’égard des partis et des élections n’implique pas nécessairement un rejet de la représentation. C’est du moins ce que révèlent un certain nombre d’études interrogeant les conceptions de la démocratie par les citoyens1. Ce à quoi beaucoup aspirent, c’est à une représentation de meilleure qualité, qui soit plus en phase avec les aspirations légitimes de la population. Et parmi les sources de frustration que mettent en évidence ces études, on retrouve un sentiment assez répandu selon lequel les citoyens n’auraient pas suffisamment de contrôle sur leurs représentants2.
Outre la demande classique d’une plus grande transparence, un mécanisme de contrôle des représentants qui est pratiqué dans beaucoup de pays – notamment Pérou, certains États des États-Unis, Japon, Pologne, Colombie, Bolivie – mais peu connu en France, est la révocation, qui permet d’interrompre le mandat d’un élu avant son terme par le biais d’une collecte de signatures, puis éventuellement d’une votation populaire3.
Ce mécanisme, dont il existe une pluralité de variantes, date de la République romaine et a été notamment loué par Rousseau et Marx en leur temps. Alors que cette année marque les 150 ans de la Commune de Paris, beaucoup redécou