
Déconfinement des analogies
Durant la crise de la Covid-19, il y a eu de nombreuses analogies historiques, dont il faut se méfier, mais qui peuvent être des outils de questionnement : elles concernent les deux guerre mondiales, la guerre froide et le 11-Septembre.
Durant la crise de la Covid-19, les perspectives historiques n’ont pas manqué, permises par la multiplication récente des travaux sur les grandes épidémies et l’émergence d’une gouvernance globale de la santé. Mais il y eut surtout de nombreuses analogies historiques, qui relèvent d’un réflexe cognitif très naturel, face à l’imprévu, voire à l’incompréhensible. Il faut se méfier des prétendues leçons de l’histoire, des injonctions à connaître les erreurs du passé pour ne pas les reproduire, des recherches de récurrences comme d’évolutions téléologiques, et des analogies lorsqu’elles sont des biais d’ancrage paresseux. Il n’empêche que les analogies peuvent être un outil de questionnement, d’une part sur qui les utilise et comment, et d’autre part sur le réel, grâce au pouvoir de la comparaison. Utiliser l’analogie relève de la pêche à ligne : il faut lancer l’appât, voir ce qui mord ou ne mord pas, et trier ensuite dans le panier. Nous allons observer les paniers des deux guerres mondiales, de la guerre froide et du 11 septembre 2001.
Autour de la Grande Guerre
En France, au sortir de plusieurs années de commémoration de la Grande Guerre, et alors que Joseph Zimet, chargé de cette commémoration, venait de prendre la direction de la communication du président Macron, le lien était aisé à établir. Les paroles de Clemenceau ont été reprises par le président dans son allocution télévisée du 16 mars, puis le vocabulaire de l’époque (« front », « première lign