Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !

Le roi David jouant de la harpe, Gerard van Honthorst, 1622. Domaine public
Le roi David jouant de la harpe, Gerard van Honthorst, 1622. Domaine public
Dans le même numéro

De nouveau, un homme

Le masculin d’Israël

La culture juive, comme la littérature rabbinique, véhiculent des conceptions alternatives de l’homme, qui font office de « masculinités de résistance » face aux modèles occidentaux. Or l’État d’Israël paraît rompre avec cet héritage pour embrasser des idéaux conventionnels de virilité, marqués par trois figures symboliques : le soldat, le pionnier et le chef.

« Facile d’être viril, plus beau d’être homme1 »

Dans un ouvrage récent, Delphine Horvilleur souligne la proximité, voire l’identité, entre les préjugés antisémites et misogynes2. Tout comme la femme haïe, l’homme juif, tel qu’il nous est montré à travers les représentations antisémites au cours de l’histoire, est dépeint comme faible physiquement, avide d’argent, de pouvoir, et hystérique. Que l’on songe pour s’en convaincre à des représentations telles que celle du Juif Süss, dont le nom signifie ironiquement « doux », voire « mignon » en allemand moderne, ou à des situations historiques lors desquelles les Juifs furent souvent accablés des mêmes interdictions que les femmes.

Selon une tout autre perspective, la littérature rabbinique s’est emparée de la question de la masculinité, l’abordant par le prisme de l’indétermination. Les commentaires de la Genèse mettent notamment en avant la création d’une humanité androgyne, comportant d’abord une part de masculin et une part de féminin, affirmant de fait l’être juif comme ouvert. Les productions artistiques abordant ce thème de la masculinité juive le reflètent également : de Woody Allen à Philip Roth, chez Kafka, Zweig, Bassani, le héros masculin s’illustre par sa fragilité, son manque de virilité, sa difficulté à s’insérer dans un monde brutal, parvenant par là même à une autre réalité. La masculinité juive s’est donc construite sur une faille, un entre-deux, un trouble3.

L’honneur de l’homme juif

Or une partie du sionisme politique, puis les représentations produites par l’État israélien ont, semble-t-il, eu pour objectif conscient ou inconscient de faire de l’homme juif non pas un homme nouveau, comme le visaient les totalitarismes contemporains, mais de nouveau un homme, qui tendrait vers une virilité idéale retrouvée. Il s’agit là d’une rupture forte avec le particularisme juif qui s’adresse à l’universel4, puisqu’il s’agit d’une aspiration à ressembler à n’importe quel autre homme, peuple ou État.

Le sionisme politique, tel que défini par Theodor Herzl, repose sur une conviction : l’intégration pleine et entière des Juifs dans les sociétés européennes est impossible. Il faudrait également y ajouter un instinct : la régénération du peuple juif passera par la restauration de la virilité de l’homme juif, de sa corporéité, à travers la pratique et la célébration des qualités passant pour telles.

Le Journal de Herzl illustre, plus que ses écrits politiques, cette préoccupation, en se concentrant sur une problématique centrale : la restauration de l’honneur de l’homme juif, valeur virile s’il en est. En effet, des siècles de persécution auraient affaibli le sens moral des Juifs, et il lui appartient, en fondant un État des Juifs, de leur rendre leur honneur : « Nous, les Juifs, sommes un peuple vaniteux. […] Mais je crois que nous ne sommes vaniteux que parce que l’honneur nous est inaccessible. Retrouvons notre honneur et nous ne serons plus vaniteux, mais ambitieux5. » Pour ses futurs citoyens, il prévoit une éducation stricte par laquelle il fera « de tous des hommes libres et forts6 ».

Max Nordau, le cofondateur de l’Organisation sioniste mondiale, était encore plus clair dans ses propos. Il intervient le 28 août 1898, à l’occasion du deuxième Congrès sioniste, juste après l’introduction prononcée par Theodor Herzl. Comme l’année précédente, il dresse un tableau sombre de la situation des Juifs dans les pays européens, en particulier en France et en Grande-Bretagne. Mais, au-delà des attaques venant de l’extérieur des communautés juives, il se désespère du manque de cohésion au sein même du judaïsme. Le sionisme est alors pour lui un moyen de revivification du judaïsme, de son corps et de son esprit, sur un modèle viril traditionnel : « Le sionisme ressuscite le judaïsme. […] Par les mœurs, en rafraîchissant l’idéal national, par le corps, grâce à l’éducation physique des jeunes générations, qui doivent nous façonner ce judaïsme tout en muscle que nous avons perdu7. » Prenant exemple sur la révolte de Bar-Kokhba (132 à 135 de notre ère), il estime que le sionisme enjoint aux Juifs de se battre pour vivre « comme les autres peuples, et à jouir de votre vie8 ! »

Les premiers penseurs du sionisme ont fait de la restauration de la virilité de l’homme juif l’un des points centraux de leur projet politique.

Les premiers penseurs du sionisme ont ainsi, dès le départ, fait de la restauration de la virilité de l’homme juif l’un des points centraux de leur projet politique.

De la droite qui promeut la force et la violence à travers des organisations armées telles que l’Irgoun – pour Vladimir Jabotinsky, l’État juif devrait être instauré « par le glaive et par le feu » –, à la gauche des premiers temps, qui met en avant de manière si américaine le pionnier sioniste s’appropriant une terre qu’il façonne – droit longtemps refusé aux Juifs de nombreux pays européens –, le sionisme politique relie un idéal viril au nouvel homme juif, quittant son universalité pour s’incarner dans un particularisme national, hébreu, israélien.

Le roman autobiographique de l’écrivain israélien Amos Oz, Une histoire d’amour et de ténèbres, observe bien ce glissement entre l’homme juif (indéterminé, universel, issu d’une diaspora étalée sur plusieurs continents) et l’homme hébreu (particulier, issu d’un État aux frontières délimitées, manifestant ses qualités viriles). Ainsi, le père de l’auteur, entre deux poètes majeurs de langue hébraïque, « préférait Tchernichovsky et ses boucles à Bialik et sa calvitie : Bialik, estimait-il, était un poète trop juif, diasporique, voire “féminin”, alors que Tchernichovsky était le poète hébreu par excellence – c’est-à-dire viril, un peu voyou, légèrement goy sur les bords, sensible et courageux, un poète sensuel-dionysiaque, “un Grec enjoué”9 ». Cette identification à une virilité traditionnelle peut être comprise comme une quête de liberté, un refus en bloc d’être entravé, la volonté assurée de ne plus se laisser faire, pour s’affirmer dans l’univocité d’un État.

Le soldat, le pionnier et le chef

Par la suite, il est possible d’identifier trois figures à partir desquelles le sionisme politique, puis l’État israélien, à travers sa quête de fondation d’une identité nationale, ont cherché à rebâtir un mythe viril : le soldat, le pionnier et le chef politique.

Le soldat fait indéniablement partie des figures centrales du sionisme politique. Herzl, déjà, souhaitait que dix pourcents des hommes de son nouvel État servent sous le drapeau. Par la suite, de toutes les institutions de l’État israélien, son armée – Tsahal – est très certainement celle qui véhicule le plus, non seulement au sein de la société israélienne, mais également à l’étranger, cette image de l’homme juif à nouveau homme.

Le service militaire obligatoire pour les hommes comme pour les femmes inculque les valeurs martiales qui ont conduit à surnommer Israël « la petite Sparte ». La communication de Tsahal joue à plein de cette image du soldat fort, entraîné, compétent et bien équipé, capable de mener les opérations les plus difficiles et de rivaliser avec les meilleures armées du monde. L’omniprésence d’anciens militaires dans le paysage politique israélien, la célébration des héros des opérations passées, tels que Yonatan Netanyahou, le frère du Premier ministre israélien, décédé lors de l’opération Entebbe en 1976, participent également à ce rapprochement entre les valeurs masculines traditionnelles et l’alignement de l’État et de l’armée. De la droite à la gauche israélienne – et Yitzhak Rabin n’était-il pas, avant d’être un chef politique, un général, le chef d’état-major de Tsahal ? – la figure du soldat est structurante pour le récit politique israélien.

Joseph Kessel, détenteur du premier visa israélien, fut témoin des premiers jours de l’État : « Notre voiture s’arrêta. Un convoi défilait, camions chargés d’hommes casqués et armés. Solides, ardents, la mitraillette au poing, ils chantaient en hébreu. Parmi ces hommes, quelques-uns étaient si blonds et avaient des visages si placides qu’ils ressemblaient à des Slaves ; d’autres, si bruns et aux traits si aigus qu’on pouvait les prendre pour des Arabes. Et aussi des masques de Mongols. Et des figures de la plus extrême finesse10. » Les hommes décrits sont dotés de toutes les caractéristiques de la virilité idéale : la force, la solidité, la puissance de mort. Mais plus encore, ces hommes ressemblent à tout le monde (Slaves, Arabes, Mongols). Peut-être est-ce là un autre des sens de cette valorisation du masculin : être comme n’importe qui, n’importe quel peuple et n’importe quel État.

Mais, à travers la quête de virilité idéale du jeune État israélien se trouve également un renoncement à l’universalisme juif. C’est tout le paradoxe : en renonçant au particularisme juif qui fonde son caractère universel, le sionisme politique entre en contradiction avec la pensée théologique rabbinique. L’abandon du particularisme d’un peuple toujours entre deux pays et deux langues, dont l’acte de naissance est précisément sa quasi-disparition et sa dispersion, au profit d’un retour à la normalité des autres peuples, voilà ce que nous révèle la réflexion sur le masculin d’Israël.

On pourrait objecter que cette quête de virilité n’appartient qu’à une branche très droitière du sionisme. Ce serait ignorer la figure du pionnier, elle aussi fondatrice du mythe politique israélien. Dans son ouvrage sur le courant socialiste sioniste, qui a joué un rôle majeur dans la fondation de l’État d’Israël, Zeev Sternhell souligne que, pour un penseur proche des idées de Tolstoï comme Aaron David Gordon, la réhabilitation des Juifs en tant qu’individus et en tant que communauté doit passer par le travail physique et le retour à la nature11. Au pouvoir de mort du soldat s’articule le pouvoir de vie du pionnier, capable de faire fructifier une nature désertique au service de l’État national.

Ces deux pouvoirs servent un même effort créateur : la conquête du territoire et l’établissement d’un État national, dans une célébration de l’effort physique, du corps efficace, accompagnée d’un certain anti-intellectualisme, comme l’illustre cette déclaration de David Ben Gourion, l’un des fondateurs du Mapaï12 en 1923 : « Nous ne sommes pas des étudiants d’une yeshivah, débattant des détails menant au progrès personnel. Nous sommes les conquérants du pays faisant face à un mur de fer et nous devons le transpercer13. »

Par leurs actions et leurs corps, les pionniers incarnent une autre figure de ce nouvel homme hébreu, héroïque, vigoureux, qui transforme les rapports entre le masculin et le féminin comme le suggère Amos Oz : « Quelque part, par-delà les montagnes, vivait une espèce nouvelle de héros juifs, une race hâlée, vigoureuse, taciturne et efficace, l’antithèse du Juif de la Diaspora […]. Des pionniers, jeunes gens et jeunes filles, déterminés, bronzés, silencieux, qui avaient apprivoisé la nuit et transgressaient tous les tabous concernant les relations entre hommes et femmes. Ils n’avaient aucun scrupule14. » Et Kessel de compléter le tableau, nous indiquant que le pionnier israélien, force tranquille, accomplit cet effort d’assimilation à tous les autres peuples de la terre : « Trois paysans. Comme tous les paysans du monde, ils avaient le visage tanné, brun, ridé, moitié chair, moitié cuir. Leurs mains, dures, rêches, noueuses, étaient placées à plat sur leurs genoux réunis. Comme tous les paysans du monde, ils se tenaient immobiles, placides en apparence, mais intérieurement en éveil15. »

La figure du chef politique, enfin, complète le triptyque de la nouvelle virilité israélienne. Les figures bibliques des Patriarches sont invoquées sur un mode politique – la promesse récente de Benyamin Netanyahou d’annexer le tombeau des Patriarches à Hébron le rappelle. Le mouvement sioniste choisit néanmoins avec soin ses références à l’histoire biblique, la révolte des Maccabées et les livres des Rois étant particulièrement sollicités.

Ainsi, le roi David, dont l’étoile peinte sur le bouclier de ses troupes donne son symbole au drapeau de l’État israélien, est pourvoyeur d’une symbolique virile forte : chef politique, chef de guerre, il opère la synthèse si prisée par la vie politique israélienne entre le soldat et le chef. Sa lutte contre Goliath est reprise comme une fable politique, propice à l’environnement politique israélien contemporain. L’ethos masculin, enfin, prime au sein de la politique israélienne, les déclarations martiales faites par un chef politique qui se veut fort, protecteur et autoritaire étant légion, que ce soit dans la bouche de Benyamin Netanyahou, d’Avigdor Lieberman, mais aussi d’une femme politique comme Ayelet Shaked.

À l’an prochain à Jérusalem

Quels enseignements tirer de cette réflexion sur la virilité juive et son glissement vers une virilité hébraïque ? Premièrement, que la virilité trouble décrite par la Bible et le Talmud doit se comprendre comme une particularité de la modalité de l’être juif ouvert sur l’universel. La réduction antisémite à un préjugé ne peut en aucun cas se prévaloir de cette approche talmudique pour justifier ce qui n’est qu’une grossièreté. En effet, pour l’antisémite, le Juif est une femme ; il nie le masculin. Or le Talmud montre bien que l’être juif est une modalité qui transcende cette distinction, et qu’en aucun cas masculin et féminin ne s’opposent.

De plus, la réflexion sur cette question illustre les rapports complexes, conflictuels et parfois contradictoires entre sionisme et judaïsme. En effet, le sionisme politique consiste en une quête de normalisation du peuple juif, en une volonté de ressemblance à n’importe quel autre peuple. Cette quête politique – préservation de l’intégrité physique, mais également d’une religion désormais perçue comme une culture nationale menacée – passe nécessairement par la fondation d’un État national : Herzl écrit quelques décennies après le printemps des nationalismes et, à son sens et aux yeux des sionistes par la suite, l’État national est la bonne formule politique pour le peuple juif. L’État israélien incarne ainsi une rupture dans l’être juif. Le peuple errant, il souhaite l’enraciner ; le peuple éternel, il souhaite le faire entrer dans l’histoire ; l’homme autre, il souhaite lui rendre son honneur d’homme viril, identique à celui de tous les autres peuples.

Tel est le tragique du sionisme politique et le malaise qu’il éprouve face au judaïsme et à son indétermination. Le glissement de l’homme juif vers l’homme hébreu est une tentative de réponse à l’impossibilité d’une synthèse entre Rome et Jérusalem, entre le pouvoir temporel et le règne spirituel. La prière récitée à Pâques, L’Shana Haba’ah B’Yerushalayim16, ne signifie-t-elle pas précisément que le retour à Jérusalem est sans cesse repoussé, qu’il est dans un à venir permanent, qu’il se dérobe à l’histoire ? Inversement, le sionisme a tendance à départir la religion juive de ses aspects théologiques pour en faire une forme de culture nationale, plus propice à l’édification d’une identité commune. La question du masculin d’Israël ne tranche pas cette opposition, mais illustre la ligne de faille, la crête, la brisure qui contient à la fois la totalité d’un État et l’infini d’une judéité en perpétuel transit.

  • 1.Albert Cohen, Solal [1930], Œuvres, édition établie par Christel Peyrefitte et Bella Cohen, Paris, Gallimard, 1993, p. 326.
  • 2.Delphine Horvilleur, Réflexions sur la question antisémite, Paris, Grasset, 2019.
  • 3.L’ouvrage du philosophe et historien Daniel Boyarin, Unheroic Conduct: The Rise of Heterosexuality and the Invention of the Jewish Man, Berkeley, University of California Press, 1997, est l’étude la plus complète au sujet de la masculinité à partir des sources rabbiniques. Il soutient que l’idéal masculin rabbinique, que recoupe le concept yiddish d’edelkayt, est un homme « dévirilisé » (unmanned) mais non désexualisé, proposant une « masculinité de résistance » aux modèles romain, chrétien et moderne du héros viril, hétérosexuel, agressif et dominateur. Il est aisé d’y retrouver une forme moins exagérée des personnages masculins de Philip Roth.
  • 4.Cette tension traverse le judaïsme : peuple soumis à une Loi particulière, qui s’adresse néanmoins à l’humanité tout entière et se porte garante de celle-ci. Son intégrité repose pourtant sur un frêle pilier – cette Loi affirme : c’est du plus fragile, du plus humble et du plus petit que nous tirons notre humanité. Enfin, en ouvrant la voie vers une vie proprement humaine, ce particularisme s’adresse à l’humanité tout entière.
  • 5.Theodor Herzl, Tagebücher 1895-1904, Berlin, Jüdischer Verlag, 1922, 12 juin 1895 [Je traduis].
  • 6.Ibid., 7 juin 1895.
  • 7.Max Nordau, dans Stenographisches Protokoll der Verhandlungen des II. Zionisten-Congresses [Je traduis].
  • 8.Ibid.
  • 9.Amos Oz, Une histoire d’amour et de ténèbres, trad. par Sylvie Cohen, Paris, Gallimard, 2004. Rappelons qu’en hébreu, le terme goy signifie avant toute autre chose « nation ». On voit bien comment l’exaltation hébraïque des qualités viriles est une tentative de rejoindre les autres nations dans leurs organisations particulières, nationales. Le terme de « Grec enjoué » est également signifiant : il rappelle le concept derridien de « Greek Jew », lui-même emprunté à une citation de l’Ulysse de Joyce.
  • 10.Joseph Kessel, « Israël : il aura fallu deux mille ans », dans La Nouvelle Saison. Reportages, 1948-1954, Paris, Tallandier, 2020.
  • 11.Zeev Sternhell, Aux origines d’Israël. Entre nationalisme et socialisme, trad. de l’hébreu par Georges Bensimhon, Paris, Gallimard, coll. « Folio histoire », 2004.
  • 12.Le Parti des travailleurs d’Eretz Israël, un parti politique issu de la fusion de deux mouvements ouvriers sionistes, le Ha’Poel Ha’Tzaïr d’Aaron David Gordon et l’Ahdut Ha’Avoda, qui donna par la suite naissance au Parti travailliste israélien.
  • 13.Cité dans Z. Sternhell, Aux origines d’Israël, op. cit.
  • 14.A. Oz, Une histoire d’amour et de ténèbres, op. cit., p. 14.
  • 15.J. Kessel, « Israël : il aura fallu deux mille ans », dans La Nouvelle Saison, op. cit.
  • 16.Souvent improprement traduite par « L’an prochain à Jérusalem », mais signifiant en réalité « à [au sens d’une dédicace] l’an prochain à Jérusalem ».

William Farhi

Ancien élève de l’École normale supérieure et de l’École nationale d’administration.

Dans le même numéro

Changer d’État

Les difficultés rencontrées pendant la gestion de l’épidémie de Covid-19 ont remis en lumière le rapport paradoxal que la France entretient avec son État. Parce qu’il est censé décider de tout, il est le recours vers lequel tous se tournent en situation de crise, en même temps qu’il concentre l’essentiel des critiques. Au-delà de la crise sanitaire, la question d’un juste partage des responsabilités entre l’État et d’autres acteurs - les collectivités territoriales, les citoyens, les syndicats ou les entreprises- pour construire un horizon d’action commun se pose. Alors même que la pandémie marque le retour en grâce de l’action publique, comment changer concrètement la figure de l’État pour apaiser sa relation avec la société et lui permettre de répondre aux aspirations contemporaines en matière d’écologie et de justice sociale ? C’est à cette question que s’attache ce dossier, coordonné par Lucile Schmid.