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Tous les portraits

Albert Béguin


La Chaux-de-Fonds, 1901- Rome, 1957

Spécialiste reconnu du romantisme allemand et de la poésie, professeur à l’université de Bâle, fondateur pendant la guerre des Cahiers du Rhône, Albert Béguin a dirigé le revue Esprit après la mort d’Emmanuel Mounier, de 1950 à 1957.

Né en 1901 à La Chaux de Fonds (Suisse romande), Albert Béguin, issu d’une famille qui vivait en milieu protestant, mais qui était de tradition socialiste et athée, a fait des études de lettres à Genève et à la Sorbonne. Il est précocement marqué par Péguy et les mouvements pacifistes progressistes : « Pour le moment je crois de toutes mes forces à ce mouvement présidé par des types comme R. Rolland, Duhamel, Romains, Jouve, Masereel » (lettre de 1920). Il a très tôt connu les milieux littéraires français, en particulier les surréalistes (Louis Aragon) et les germanistes et il a effectué à partir des années 20 de nombreuses traductions d’écrivains romantiques allemands comme Jean-Paul Richter, E.T.A. Hoffmann, Goethe. En 1926, il épouse la romancière Raymonde Vincent (prix Fémina, en 1937, pour Campagne). A partir de 1929 il est lecteur à l’université de Halle an der Saale d’où il est expulsé par le régime nazi en janvier 1934. En 1932, il avait lu le premier numéro de la revue Esprit, et c’est en 1934 qu’il a ses premiers contacts avec Mounier. En 1937, il soutient sa thèse de doctorat à l’université de Genève : L’Âme romantique et le Rêve. Essai sur le romantisme allemand et la poésie française. La publication de sa thèse connaît un profond retentissement, comme on peut en juger par cette lettre d’André Breton : « J’ai salué l’apparition de L’Âme allemande [sic] d’un cri de joie. Je ne sais rien de si important de si exaltant depuis des années. ». Il devient ainsi un membre célèbre de « l’Ecole de Genève » qui l’associe à des critiques et historiens des lettres aussi importants que Marcel Raymond, Georges Poulet, Benjamin Fondane ou Jean Starobinski.

A partir de 1938, Mounier le sollicite pour des chroniques dans Esprit, surtout des critiques de poésie. En novembre 1940, il reçoit le baptême catholique. En 1941, Esprit cesse de paraître :
« Nous nous [Mounier] sommes vus assez souvent avant la guerre , mais je n’étais pas à Paris et je ne le voyais donc que lors de mes voyages, autour des cahiers clandestins de Témoignage Chrétien, de l’emprisonnement de Mounier, du relais d’Esprit fait par les Cahiers du Rhône qui étaient faits en Suisse, d’accord avec Mounier ». (Entretien radiophonique avec André Alter, 1954).


En 1941, aux Éditions de la Baconnière à Neuchâtel que dirige Hermann Hauser, Albert Béguin publie un hommage à Henri Bergson qui vient de mourir, et qui avait peu de chance d’être célébré en France. C’est en fait la « numéro zéro » des Cahiers du Rhône qui naissent officiellement en mars 1942 avec un recueil de poèmes, « Nos Cahiers, cours poétique du Rhône », ce fleuve qui relie la Suisse et la France.
« Parce qu'Esprit venait d’être interdit en France, parce que le journal de Fumet qui s’appelait à ce moment-là Temps Nouveaux venait d’être interdit aussi, il n’y avait plus rien en France qui représentât la pensée chrétienne libre et nous avons entrepris de publier en Suisse tout ce qui ne pouvait pas être imprimé en France, mais qui pouvait aisément passer la frontière, grâce à une certaine complicité à la censure des frontières, qui était plus souple, et nous avons publié une série de volumes où il y avait aussi bien les poèmes d’Aragon – les Yeux d’Elsa ont paru là – que les livres de Maritain de l’époque, que tous les résistants de la résistance intellectuelle que nous avons pu publier et répandre ». (id.)


Béguin ne publie pas que dans sa propre maison, il est en relation avec les autres éditeurs suisses, comme Walter Egloff, qui créé une collection d’anthologies au titre explicite « Le Cri de la France » où Béguin publia sa célèbre traduction du Livre du Graal (1944) et des anthologies consacrées à Léon Bloy et saint Bernard de Clairvaux. Il est aussi correspondant des principales revues littéraires qui pratiquent la résistances intellectuelles, en zone française sud : Poésie de Pierre Seghers à Villeneuve lès Avignon, Confluences de René Tavernier à Lyon, les Cahiers du Sud de Jean Ballard à Marseille (qui avait édité sa thèse et publié son célèbre numéro spécial sur le romantisme allemand en 1937) et surtout Fontaine de Max-Pol Fouchet à Algérie. Dès 1944, avec Pierre Courthion (directeur de la collection « Le Cri de La France » et de la revue « Lettres »), il enquête et dirige un « Livre noir du Vercors ».


Après la guerre, Albert Béguin a une très grande légitimité dans les milieux de l’édition. Il quitte son poste de professeur en Suisse et vient à Paris. Il devient un important directeur de collections aux Éditions du Seuil, qu’il associe souvent à la Baconnière, où il crée « Ecrivains de Toujours » et « Pierres Vives », qui publient aussi bien Elisabeth Buber Neumann (Déportée en Sibérie) que Roland Barthes, Jean Cayrol ou Georges Bernanos dont il devient l’exécuteur testamentaire, au grand dam des maurassiens.

En 1950, Emmanuel Mounier meurt brutalement. C’est Albert Béguin qui est sollicité pour reprendre la direction d’une revue qu’on croyait attachée irrémédiablement à son fondateur. Plus encore, Esprit avait été créé par un philosophe, créateur d’un mouvement de pensée, or Béguin était un critique littéraire, « ennemi de toutes les orthodoxies mineures, [qui] professait un immense scepticisme pour tout ce qui n’est pas le spirituel et la parole qui en témoigne » (Jean Lacroix). Goulven Boudic a montré la difficulté à diriger Esprit après la mort du fondateur qui arrivait à concilier les tendances divergentes. Il a rompu avec une tradition personnaliste « fusionnelle », il n’a pas cherché à faire croire que ceux qui étaient réticents envers le régime soviétique étaient sur les mêmes positions que les intellectuels progressistes et radicaux (Jean Lacroix, Paul Fraisse), « engagés » comme beaucoup l’étaient à l’époque, c’est à dire « compagnons de route » du Parti Communiste. Albert Béguin a cherché à susciter une « recherche collective » par une « société de pensée », sans donner l’illusion d’une possible fusion. Albert Béguin a ainsi permis à ses successeurs de réorienter la revue vers la critique de tous les systèmes totalitaires.

Pour le grand critique littéraire Jean Starobinski, Béguin cherchait à dépasser la seule analyse littéraire :
« La littérature n’est qu’un lieu de passage, un champ d’expérience (de l’espèce la plus précieuse), et dont la valeur primordiale est de nous aider à vivre, à établir des rapports plus justes avec le monde et avec nos semblables. La critique littéraire débouche ainsi hors littérature, dans la vision d’une « réalité supérieure »qui n’est pas emprisonnée dans les textes littéraires eux-mêmes, mais qui est la finalité à laquelle tous les grands textes se subordonnent. »

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