
Histoire de la fatigue de Georges Vigarello
Du Moyen Âge à nos jours
Après le surmenage et la neurasthénie, la pénibilité au travail, les fatigues nées de résistances intimes entrent dans le vocabulaire avec des mots qui traversent les corps et les esprits.
Toujours curieux de l’histoire du corps, Georges Vigarello a successivement étudié le maintien, la propreté, le sport, la santé, le gras, le maigre, la silhouette, la beauté. Ce nouveau livre outrepasse ces objectifs devenus classiques : il analyse l’expérience de la limite. L’épuisement porte la marque de la finitude. La fatigue, qui est « au cœur de l’humain », nous confronte à nos insuffisances. Une question clé traverse le livre : comment donner force et énergie au corps afin de faire reculer la fatigue ? Comment retarder ses manifestations et les troubles qu’elle occasionne ?
Non content de croiser les sources et de traverser les disciplines, Georges Vigarello explore des archives, des œuvres littéraires, des récits de voyages, des manuels de médecine, des traités militaires, des préceptes d’alimentation, des réglementations du travail, des dictionnaires et des lexiques. Le rapport à la fatigue est imprégné du désir sisyphéen de reporter plus loin les limites : c’est ce qu’illustre, parmi d’autres héros virils, Alekseï Stakhanov, ouvrier infatigable de l’ère soviétique, cet « homme nouveau » endurci par le travail. La nouveauté pourtant n’est pas que dans sa performance : tr