
Les nouveaux anciens, de Kate Tempest
Dans notre banalité la plus ordinaire, « coincés pour toujours entre le pitoyable et l’héroïque », nous sommes les dieux de notre époque, les nouveaux anciens de ceux qui, un jour, nous déterreront et nous trouveront. Ce poème met en scène deux couples et leur descendance. Des femmes et des hommes qui s’aiment, font l’amour, ont des enfants alors qu’ils voudraient se quitter, des enfants qui trébuchent, échouent et, parfois, trouvent leur chemin. Les mythes, pour Kate Tempest, rappeuse et slameuse, racontent « qu’il nous faut juste appartenir quelque part ». Et ce lieu est ici d’abord la force d’une langue : une langue qui s’empare des signes, des gestes, des objets du quotidien, pour les regarder autrement ; une langue à la fois simple, directe et ample, puissante, qui nous relie et nous enlève. Rien n’écrase des personnages que tout aurait pu accabler. La révolte est encore possible, comme le montre une scène de colère « totale et abrupte ». Superbe preuve de vitalité de la part de cette grande maison d’édition, qui nous fait ainsi découvrir cette auteure encore méconnue en France.