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Notes de lecture

Dans le même numéro

Héritage et fermeture d’Emmanuel Bonnet, Diego Landivar et Alexandre Monnin

Une écologie du démantèlement

mars 2022

« Les infrastructures du capitalisme ont tissé un continuum temporel, spatial et ontologique qui fait que la plupart de nos modes de subsistance, d’habitabilité (géographie, territoire), sont aujourd’hui foncièrement dépendants. » Que faire alors avec ce qui est ? Telle est la question de ce livre percutant. Deux nouveaux repères épistémiques sont proposés : la « posture de l’héritage » et la « méthode de la fermeture ». L’héritage est à la fois ce dont nous devons nous passer, du charbon aux avions, en passant par le pétrole et le numérique, ce qu’il faut « patrimonialiser d’une manière ou d’une autre », à l’image des déchets nucléaires, et ce avec quoi il faut vivre, mais autrement, « pour instaurer un autre rapport avec ce qui est devenu toxique, sans l’être nécessairement ni définitivement, à l’instar des espèces invasives ». L’héritage est ainsi à la fois une continuité, un deuil, une charge et une responsabilité. La fermeture, pour sa part, est un « horizon politique, administratif, juridique et technique », qui n’est pas étranger au capitalisme et au néolibéralisme, qui l’ont employé dans différents registres, de la liquidation financière à la fermeture d’usines. La fermeture que proposent les auteurs se situe à l’opposé de ce spectre : c’est une redirection qui prend en compte les « milliers de réseaux de dépendance, de subsistance et d’attachements à démêler et à désassembler ». Une écologie, en somme, qui a « plus besoin du tournevis que de la bêche ». Ce livre, riche aussi de son appareil critique, invite à un renversement nécessaire pour la réflexion et l’action politique.

Divergences, 2021
168 p. 14 €

Antoine Hardy

Enseignant à SciencesPo, co-créateur du podcast 20 minutes avant la fin du monde consacré à l’écologie.

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Retrouver la souveraineté ?

L’inflation récente des usages du mot « souveraineté », venue tant de la droite que de la gauche, induit une dévaluation de son sens. Dévaluation d’autant plus choquante à l’heure où, sur le sol européen, un État souverain, l’Ukraine, est victime d’une agression armée. Renvoyant de manière vague à un « pouvoir de décider » supposément perdu, ces usages aveugles confondent souvent la souveraineté avec la puissance et versent volontiers dans le souverainisme, sous la forme d’un rejet de l’Union européenne. Ce dossier, coordonné par Jean-Yves Pranchère, invite à reformuler correctement la question de la souveraineté, afin qu’elle embraye sur les enjeux décisifs qu’elle masque trop souvent : l’exercice de la puissance publique et les conditions de la délibération collective. À lire aussi dans ce numéro : les banlieues populaires ne voteront plus, le devenir africain du monde, le destin du communisme, pour une troisième gauche, Nantes dans la traite atlantique, et la musique classique au xxie siècle.