
Dans les bagnes du tsar de H. Leivick
Au crépuscule de sa vie, en 1958, le poète de langue yiddish, H. Leivick, entreprend l’écriture de ses souvenirs des six années qu’il a passées en prison puis en relégation en Sibérie. Dans les Bagnes du Tsar en est la récente traduction pour la première fois publiée en France.
Né en 1880 dans une famille nombreuse et pauvre de Biélorussie, Leivick Halpern entre à l’âge de dix ans à la yeshiva où il apprend l’hébreu, s’initie à la culture juive mais aussi à celle des Lumières et des livres grâce à l’un de ses professeurs, fervent défenseur de la Haskala [1]. Contrariant les desseins qu’avait formés son père, qui le destinait au rabbinat, Leivick rejoint en 1905 les rangs du Bund et délaisse l’hébreu pour le yiddish. Alors qu’il n’a que 19 ans, il est arrêté lors d’une manifestation. Revendiquant lors de son procès son appartenance et son soutien sans faille au mouvement révolutionnaire juif anti-tsariste, il est condamné à quatre ans de travaux forcés et à la relégation à vie en Sibérie. Il réussira à s’enfuir de Sibérie en 1913, avant de gagner l’Amérique, où il vivra et écrira des poèmes jusqu’à sa mort en 1962.
Comme en hommage à la maison des morts de Dostoïevski, c’est sur les ténèbres dans lesquelles il fut plongé, durant ses premiers mois de cachot dans la prison de Minsk, que s’ouvre le récit de Leivick. Celles où le temps s’efface – « qu’est ce qu