
Père ancien de Charles Pennequin
« J’ai tout fait pour étouffer mais j’écris », rappelle celui qui, dans Père ancien, rassemble diverses pièces essaimées de 1996 à nos jours. Le tout en fidélité à sa doctrine : « chercher la merde à vouloir vivre ». L’auteur ne peut « pas plus que le peu peut », mais l’ouvrage laisse la place à des litanies, des chants intérieurs, des « bobines » qui se déroulent en revenant, selon une figure que Freud esquisse dans le célèbre épisode de l’enfant au toton. Il s’agit de débloquer à la fois les paroles, les dogmes et même les mausolées que sont les livres par le tournant, le tournoiement et la tourmente des mots afin de parler vrai, à l’image de Flaubert et de Beckett. L’auteur « veut accrocher quelque chose » dans la petite forme du peu, du nul, du resserré pour saisir le vide de soi-même par-delà toute forme de discussion. Pennequin peut ainsi « parler pour rien », mais pour mieux dire. Une telle poésie est chaleureuse, rusée et massacreuse.