
Une bête entre les lignes. Essai de zoopoétique d'Anne Simon
Comment parler des bêtes ? L’essai d’Anne Simon navigue avec virtuosité dans la littérature francophone et étrangère, tantôt revenant à ses grands monuments, tantôt s’attardant dans ses recoins les moins bien connus, de la Genèse aux récits contemporains de la vie en abattoir, de la ménagerie proustienne aux romans grinçants du polonais Tadeusz Konwicki. Composé de trois parties, l’ouvrage commence par dégager la spécificité de la « zoopoétique » défendue par l’autrice. Il restitue ensuite les multiples entrelacs de l’animal et de l’humain à travers de belles études de cas, et esquisse enfin l’horizon proprement éthique et politique d’une littérature nourrie de la profusion des vies animales.
Il s’agit non seulement de prendre au sérieux la capacité des textes littéraires à parler des animaux d’une façon juste et originale, mais aussi de réinsuffler une certaine vivacité à la réflexion sur l’animalité, en débordant de toutes parts sur les manières convenues et « domestiques » de raisonner sur les bêtes. En effet, la zoopoétique ne se contente pas d’étudier la façon dont la littérature s’empare de thèmes ou de motifs liés à la nature, aux animaux ou aux problèmes écologiques. Le projet est plus ample : « revenir aux bêtes mêmes ». Comme si la zoopoétique devait s’ancrer dans une forme de zoo-phénoménologie. En ce sens, elle n’est pas une sous-discipline de la critique littéraire, mais un « déplacement de l’attention », « une ap