
La violence et le mal sous la dir. d’Alain Caillé, Philippe Chanial et François Gauthier
La dernière livraison de la Revue du MAUSS contient les actes d’une journée d’étude, le 16 mars 2019, sur le thème « Mauss, Girard et la violence », organisée par le Mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales et l’Association des recherches mimétiques. Cette rencontre fut placée sous le signe, non de la rivalité, mais de la convivialité.
Pour pouvoir discuter, il faut un fonds commun. Il y d’abord l’anti-utilitarisme, dans un paysage des sciences sociales actuellement dominées par l’économie, qui met au centre l’intérêt. Mauss ne thématise pas la violence mais, comme le dit Alain Caillé, directeur du MAUSS, parce que le don « permet de sortir de la guerre pour basculer dans l’alliance, on ne peut pas penser le don sans la violence ». Et, pour Mauss comme pour Girard, l’énigme anthropologique du social ne peut être résolue qu’en allant chercher dans le plus lointain passé des faits, des « invariants » qui transcendent la diversité des cultures, tels le don et le sacrifice.
Cependant, les critiques des MAUSSiens à l’égard de la théorie mimétique sont parfois radicales. Philippe Chanial résume ainsi la théorie mimétique : « La réciprocité, c’est le mal. » Non seulement Girard passerait à côté de toutes les formes de réciprocité positive, mais, pour lui, les règles qui régissent le don ne serviraient qu’à contenir la violence, le « désir mimétique » faisant de l’homme avant tout un préd