
Le Débat janvier-février 2019
L’historien américain Adam Tooze accuse Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne de 2003 à 2011, d’être en grande partie responsable de « la morosité de la reprise économique de l’Europe et l’inquiétant essor du nationalisme ». Rappelant le rôle irréductiblement politique des banques centrales en dépit de leur affirmation d’« indépendance », il dénonce la volonté délibérée des dirigeants de la Bce « d’exploiter la crise pour accélérer le rythme de la consolidation budgétaire », autrement dit leur ingérence dans les affaires intérieures des pays pour imposer des politiques d’austérité à des gouvernements élus. Jean-Claude Trichet répond en rappelant le mandat de la Bce, qui est la stabilité des prix à moyen terme, et en soulignant la croissance économique et la résilience de la zone euro. Il insiste sur sa décision « rapide et audacieuse » d’accorder des prêts au début de la crise des subprimes, décision qui lui aurait valu d’être « nommé “homme de l’année 2007” ».