
Nos petites patries. Identité régionale et État central, en France, des origines à nos jours de Olivier Grenouilleau
Le long sous-titre suggère par lui-même l’incroyable complexité, d’hier à aujourd’hui, des rapports entre l’État et les régions en France. Le problème a de multiples facettes. La diversité historique et géographique de la France est là, bien sûr, mais le politique, l’administratif, l’économique ont joué leur rôle dès la monarchie, laquelle a dû s’imposer à des pouvoirs féodaux de grandeurs et de puissances diverses. Globalement, l’impression du lecteur est que les influences spontanément favorables à la construction des « petites patries » (passées par l’étape des « provinces ») et au sentiment d’y être chez soi ont été malgré tout moins puissantes que les identités nées des conflits avec l’État central dans les temps modernes et après la Révolution. L’adversité a été plus structurante que les alliances, les relations pacifiques et les captations d’héritage sereines. Dès avant la Révolution et jusqu’en 1918, l’affirmation du « régionalisme », finalement tardive, coïncide avec les tentatives simultanées de liquider les provinces, au profit (depuis Paris) de la nation et de la « localité ». Le xxe siècle est celui des régionalismes « dans ou contre l’État », une histoire qui n’est pas finie… L’ouvrage traite des aspects relativement « techniques » de la question, mais il n’oublie pas le volet culturel et littéraire, particulièrement important à partir de la seconde moitié du xixe siècle.