
Nos vies en séries de Sandra Laugier
Les séries télévisées ont connu, et connaissent encore aujourd’hui, un âge d’or. Défendues par les critiques spécialisés, on les étudie de plus en plus à l’université, et ce même en France. L’ouvrage de Sandra Laugier, Nos vies en séries, joue néanmoins un rôle crucial dans la légitimation de ces œuvres audiovisuelles. En effet, si cette autrice n’est pas spécialiste des séries télévisées, son audace et sa curiosité de philosophe la poussent à adapter les thèses de Stanley Cavell aux séries avec beaucoup de limpidité et de pédagogie ; proposant ainsi une véritable philosophie des séries, « au sens de la philosophie qu’elles nous offrent et produisent, et qui n’a pas besoin de LA philosophie pour se faire ».
Et c’est l’un des premiers points marquants de Nos vies en séries : Sandra Laugier fait le choix de prendre la série non plus comme un moyen de faire de la philosophie, mais bien comme un « médium philosophique ». Les séries sont effectivement, encore aujourd’hui, utilisées à des fins qui ne leur sont pas propres. On se sert des séries pour poser ou répondre à des questions dans de nombreux domaines (en sociologie, en histoire, dans les gender studies…), et si Laugier reconnaît l’importance et la pertinence de ces études, son ambition est ici tout autre. Elle va démontrer que les séries sont des œuvres (philosophiques) à part entière, des «